La bière mène à tout...


La brasserie STAR sait reconnaître les siens. Les assidus de «la première gorgée de bière» et beaucoup plus puisque tellement d’affinités. Ceux dont les hectolitres de pratique font foi. Dans mon concept de bar à bières, s’invite également désormais la Gold blanche en canette. La Gold blanche titrant pas moins de 5 pour cent d’alcool. Je me demande quel goût elle peut bien avoir cette Bavaria «sans alcool»... Et ces autres limonades sans alcool que seule permet l’hyprocrisie d’une loi réglémentant férocément «l’abus d’alcool», «dangeureux pour la santé», «consommer avec modération», tandis que la loi des finances se réjouit bruyamment de la manne fiscale de la «prohibition»... Alors que ma plume voyage déjà allègrement, embrassant beaucoup sans peur de mal étreindre, il y en a encore pour s’étonner que je n’évoque jamais tel ou tel sujet ; que je parle seulement incidemment de ce qui semble si important pour d’autres ; que je ne m’attarde que par politesse, ou curiosité, à des faits manifestement tellement sociaux. C’est que je ne parle jamais aussi bien que de ce j’aime vraiment. Alors, j’ai presque envie de répondre, cash : «Mais, vous n’êtes pas la THB, vous n’êtes pas la Gold Blanche, vous n’êtes pas ma chope de bière» (comme d’autres diraient «ma tasse de thé»). Techniquement, la bière est cette boisson qui a surtout prospéré dans des contrées nordiques au climat plus froid que celui de nos tropiques. Ayant inventé la bière, les consommateurs desdits pays lui ont façonné une manière de boire. Les esthètes, qui aiment à fonctionner en confrérie, lui ont bricolé à leur tour des codes : «faire ceci, faire comme ça, ne pas faire cela». Ma pratique de consommateur, sous nos latitudes tropicales, est que la bière subit plus rapidement que d’autres breuvages le réchauffement climatique. Mes «collègues» savent qu’il n’y a pas plus imbuvable que de la bière tiède. Alors, de la bière chaude, beurk et pouah, comme fait le capitaine Haddock, désintoxiqué à l’insu de son plein gré par le professeur Tournesol (cf. Tintin chez les Picaros). Soit dit en passant, mais est-il possible d’apprécier du scotch bien écossais dans le sable du désert (cf. Tintin : Le Crabe aux pinces d’or) ? Dans une précédente Chronique («La bière entre à l’UNESCO», Chronique VANF, 02.12.2016), presque culturelle s’agissant de la consécration de la bière (belge en l’occurrence) comme «patrimoine culturel immatériel de l’humanité» par l’UNESCO (cf. Réunion à Addis-Abeba, 30 novembre 2016), je partageais la possibilité d’une culture générale autour de la dive bière. Il y a 10.000 ans, les premières populations sédentarisées inventaient l’agriculture. L’histoire ne nous dit pas, par contre, combien de temps il fallut à l’Humanité pour découvrir le «pain liquide» à partir des céréales : le riz asiatique, le sorgho africain, le maïs aztèque, l’orge européenne, le seigle scandinave. Ni comment nos ancêtres découvrirent (certainement par hasard) les joyeuses propriétés de la fermentation. Ces premiers «brasseurs» ne devaient pas savoir écrire si on considère que l’écriture n’avait été créée qu’il y a 5000 ans, à Sumer, quelque part dans l’Irak de nos jours, entre le Tigre et l’Euphrate. Comme seuls les écrits restent, tandis que les formules magiques de druides passablement ivres s’étaient envolées, l’histoire associera définitivement l’apparition de la bière au Code de Hammourabi (1792 à 1750 BC), roi de Babylone. Le consommateur malgache lambda saura-t-il jamais que le mot malgache «toaka» vient de l’indonésien «tuak», la bière de riz ? Le mot «fary», qui a d’abord désigné le «riz», aurait été transféré à la canne à sucre quand la consommation du «rhum» supplanta celle de la bière de riz, confisquant également le mot «toaka». Archéologie des mots, archéologie des plantes, archéologie des moeurs.  
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