La marche prévue mardi a du être annulée. Déçus mais bien encadrés par les leaders du mouvement, les manifestants ont fini par se disperser dans le calme. Mardi 12 juillet 2016. Il est 9h30 à Ankorondrano. Les premiers éléments des forces de l’ordre sont postés devant l’Eglise Jesosy Mamonjy. Normal. La veille, les responsables de l’Etat-major mixte opérationnel (Emmo) avaient encore promis aux journalistes membres du mouvement pour la liberté d’expression qu’ils encadreraient la marche silencieuse envisagée entre Ankorondrano et Analakely. Comme ils l’avaient déjà fait lors de la marche silencieuse entre Soarano et Tsimbazaza, l’autre jeudi. « Raison pour laquelle aucune autorisation n’a été demandée », expliquent les leaders du mouvement. À l’entrée du couloir menant vers le Village des Jeux, pourtant, le dispositif paraît plus important. Des véhicules, camions et 4x4, avec des hommes – et des femmes – armés jusqu’aux dents, impressionnants dans leurs bottes et leur casque, sont là, longeant toute la rue menant vers le gymnase. Ici et là, le long de cette même rue, des groupuscules se forment mais difficile de savoir, à ce moment-là, s’ils viennent pour la manifestation. Selon les consignes, la marche devait partir de la Place attenante à l’école primaire publique d’Ankorondrano. Mais la Place, à cette heure, paraît désespérément vide. Un flop ? Non. « Les forces de l’ordre nous ont empêchés de rester sur la Place, elles nous ont poussés jusqu’ici », confient certains manifestants, journalistes, citoyens et membres de la société civile. Ces derniers ont alors dû attendre le départ sur le parking du groupe Prey. Et ils sont nombreux. Plus nombreux que prévu. Encore plus nombreux quand à 10h, le cortège « funèbre », suivant un cercueil couvert de drap noir, un faire-part de décès et une banderole disant provisoirement adieu à la Liberté, s’ébranle. Quelques consignes avant de partir : « Nous nous mettons par trois pour avancer, et nous nous efforcerons de ne pas gêner la circulation ». La file est longue, mais elle fait à peine quelques centaines de mètres qu’un barrage d’hommes et de femmes en uniforme se dresse sur son chemin. Négociations et pourparlers s’enchaînent. Mais rien n’y fait. Même des particuliers qui passent par là voient leur route bloquée par des éléments de sécurité déterminés à ne laisser passer personne, quitte à gêner eux-mêmes une circulation qu’ils sont pourtant censés régler. Pacifique De l’autre côté du barrage, d’autres manifestants, empêchés de rejoindre leurs pairs s’impatientent. Ils sont finalement autorisés à venir grossir le mouvement qui a été prié de se replier vers le parking du gymnase couvert d’Ankorondrano. Quelques discours y sont prononcés. Les manifestants lèvent le poing pour dire que la lutte continue avant de reprendre ensuite la marche. Mais les forces de l’ordre sont encore là. Elles partent même à la rencontre des manifestants, histoire de laisser ceux-ci le plus loin du rond-point d’Ankorondrano. Elles ont même renforcé le dispositif. Reprise des négociations, mais en vain. Il a été dit que les journalistes, cette fois-ci, n’avanceront pas de plus de 500 mètres. Dans les rangs du mouvement, des citoyens commencent à manifester leur impatience. Les voix commencent à s’élever. Des thèmes autres que la liberté d’expression et le droit à l’information commencent à se faire entendre dans les rangs des manifestants. Mais les leaders du mouvement restent fermes dans leur position. D’autant que des renseignements provenant de sources sûres annoncent l’infiltration du mouvement. Mais celui-ci se voulait pacifique, et se devait de le rester. « Notre objectif n’est pas de créer des troubles, et il n’est pas question d’affronter les forces de l’ordre », explique Fetra Rakotondrasoa, porte-parole du mouvement. C’est lui qui subira les « O o o » des manifestants quand il a dû annoncer la fin de la manifestation d’hier. Après quelques hésitations, les manifestants ont fini par comprendre. Ils quittent alors Ankorondrano un à un. Certains rejoignent néanmoins Analakely où d’autres manifestants sont déjà postés. Prenant leur responsabilité, quelques dirigeants du mouvement rallient très vite le centre-ville pour annoncer aux autres que « pour aujourd’hui, la manifestation est terminée ». Le commandant de l’Emmo, le général Florens Rakotomahanina, en est informé. Ses hommes avaient déjà commencé à disperser les manifestants, en les éloignant de la stèle de la liberté de la presse. Mais comme s’il leur fallait absolument de l’action, quelques grenades lacrymogènes ont été lancées sur les badauds et les marchands de rue qui se trouvaient encore aux environs de Soarano. Lova Rabary-Rakotondravony
La marche prévue mardi a du être annulée. Déçus mais bien encadrés par les leaders du mouvement, les manifestants ont fini par se disperser dans le calme. Mardi 12 juillet 2016. Il est 9h30 à Ankorondrano. Les premiers éléments des forces de l’ordre sont postés devant l’Eglise Jesosy Mamonjy. Normal. La veille, les responsables de l’Etat-major mixte opérationnel (Emmo) avaient encore promis aux journalistes membres du mouvement pour la liberté d’expression qu’ils encadreraient la marche silencieuse envisagée entre Ankorondrano et Analakely. Comme ils l’avaient déjà fait lors de la marche silencieuse entre Soarano et Tsimbazaza, l’autre jeudi. « Raison pour laquelle aucune autorisation n’a été demandée », expliquent les leaders du mouvement. À l’entrée du couloir menant vers le Village des Jeux, pourtant, le dispositif paraît plus important. Des véhicules, camions et 4x4, avec des hommes – et des femmes – armés jusqu’aux dents, impressionnants dans leurs bottes et leur casque, sont là, longeant toute la rue menant vers le gymnase. Ici et là, le long de cette même rue, des groupuscules se forment mais difficile de savoir, à ce moment-là, s’ils viennent pour la manifestation. Selon les consignes, la marche devait partir de la Place attenante à l’école primaire publique d’Ankorondrano. Mais la Place, à cette heure, paraît désespérément vide. Un flop ? Non. « Les forces de l’ordre nous ont empêchés de rester sur la Place, elles nous ont poussés jusqu’ici », confient certains manifestants, journalistes, citoyens et membres de la société civile. Ces derniers ont alors dû attendre le départ sur le parking du groupe Prey. Et ils sont nombreux. Plus nombreux que prévu. Encore plus nombreux quand à 10h, le cortège « funèbre », suivant un cercueil couvert de drap noir, un faire-part de décès et une banderole disant provisoirement adieu à la Liberté, s’ébranle. Quelques consignes avant de partir : « Nous nous mettons par trois pour avancer, et nous nous efforcerons de ne pas gêner la circulation ». La file est longue, mais elle fait à peine quelques centaines de mètres qu’un barrage d’hommes et de femmes en uniforme se dresse sur son chemin. Négociations et pourparlers s’enchaînent. Mais rien n’y fait. Même des particuliers qui passent par là voient leur route bloquée par des éléments de sécurité déterminés à ne laisser passer personne, quitte à gêner eux-mêmes une circulation qu’ils sont pourtant censés régler. Pacifique De l’autre côté du barrage, d’autres manifestants, empêchés de rejoindre leurs pairs s’impatientent. Ils sont finalement autorisés à venir grossir le mouvement qui a été prié de se replier vers le parking du gymnase couvert d’Ankorondrano. Quelques discours y sont prononcés. Les manifestants lèvent le poing pour dire que la lutte continue avant de reprendre ensuite la marche. Mais les forces de l’ordre sont encore là. Elles partent même à la rencontre des manifestants, histoire de laisser ceux-ci le plus loin du rond-point d’Ankorondrano. Elles ont même renforcé le dispositif. Reprise des négociations, mais en vain. Il a été dit que les journalistes, cette fois-ci, n’avanceront pas de plus de 500 mètres. Dans les rangs du mouvement, des citoyens commencent à manifester leur impatience. Les voix commencent à s’élever. Des thèmes autres que la liberté d’expression et le droit à l’information commencent à se faire entendre dans les rangs des manifestants. Mais les leaders du mouvement restent fermes dans leur position. D’autant que des renseignements provenant de sources sûres annoncent l’infiltration du mouvement. Mais celui-ci se voulait pacifique, et se devait de le rester. « Notre objectif n’est pas de créer des troubles, et il n’est pas question d’affronter les forces de l’ordre », explique Fetra Rakotondrasoa, porte-parole du mouvement. C’est lui qui subira les « O o o » des manifestants quand il a dû annoncer la fin de la manifestation d’hier. Après quelques hésitations, les manifestants ont fini par comprendre. Ils quittent alors Ankorondrano un à un. Certains rejoignent néanmoins Analakely où d’autres manifestants sont déjà postés. Prenant leur responsabilité, quelques dirigeants du mouvement rallient très vite le centre-ville pour annoncer aux autres que « pour aujourd’hui, la manifestation est terminée ». Le commandant de l’Emmo, le général Florens Rakotomahanina, en est informé. Ses hommes avaient déjà commencé à disperser les manifestants, en les éloignant de la stèle de la liberté de la presse. Mais comme s’il leur fallait absolument de l’action, quelques grenades lacrymogènes ont été lancées sur les badauds et les marchands de rue qui se trouvaient encore aux environs de Soarano. Lova Rabary-Rakotondravony