Exécutif - Christian Ntsay réduit à la figuration


À la tête du gouvernement depuis un an, le rôle du Premier ministre est passé de l’acteur principal à celui de figurant. Du sur place. Les journées se suivent et se ressemblent pour Christian Ntsay, Premier ministre. Depuis quelques mois, au vu des communiqués partagés par la primature, les audiences alternées par les conseils du gouvernement et les ouvertures officielles d’ateliers constituent l’essentiel de son agenda. La dernière sortie en dehors d’Antananarivo du numéro deux de l’Exé­cutif date du 5 mai. Il s’est déplacé dans le district d’Ifanadiana pour être au chevet d’un village victime d’incendie. Au-delà des tournées dans les régions, le Premier ministre s’exprime peu sur les affaires brûlantes. Qu’il s’agisse des polémiques sur le référendum, de la négociation avec les fournisseurs de la société nationale d’électricité Jirama, de la négociation avec les pétroliers et tant d’autres, Christian Ntsay a laissé à la porte-parole du gouvernement le soin d’apporter la version officielle. Au lendemain de chaque conseil des ministres, la presse est invitée en effet au ministère de la Commu­nication et de la culture pour s’enquérir du contexte et de la justification de chaque décision prise. Pendant ce temps, le Premier ministre assure la gestion des affaires courantes. Rigueur Le président de la République Andry Rajoelina a promis, dès la campagne électorale, le rétablissement rapide de la sécurité. Une mission qui semble être dévolue au Premier ministre. Quelques jours après sa reconduction à la tête du gouvernement, l’image de Christian Ntsay, accompagné des ministres en charge de la sécurité lors des descentes nocturnes dans les quartiers chauds d’Antananarivo a marqué les esprits. Par la suite, il a multiplié les descentes dans les zones rouges comme le Betsiboka, le Boeny ou la Haute Matsiatra. Outre la rencontre avec la population locale, les réunions avec les membres de l’Organe mixte de conception (OMC) locales ont été systématiques. Certains observateurs le qualifient ainsi de super-ministre de la sécurité. Jour pour jour, Ntsay Christian a tenu son premier conseil du gouvernement le 11 juin 2018. Héritant d’une situation explosive, il a réussi avec une main de maître à atténuer les différents foyers de tension issus du mouvement des « députés du changement ». Dans un contexte assez difficile, il a imposé les plaques rouges pour juguler l’utilisation abusive des véhicules administratifs en plus de sa mission principale d’organiser une élection libre, transparente et acceptée par tous. Apprécié à cause de sa poigne et sa rigueur dans la gestion des affaires nationales pendant son premier mandat, sa reconduction, le 21 janvier, en tant que premier chef du gouvernement du quinquennat du président de la République, a été bien accueillie par l’opinion publique, malgré les spéculations. Bien que les résultats des législatives ne soient pas encore publiées, les tendances publiées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) attribuent une majorité confortable à la plateforme Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina (IRD). Conformément à l’article 54 de la Constitution, « le président de la République nomme le Premier ministre présenté par le parti ou le groupe de parti majoritaire à l’Assemblée nationale ». Pourtant, Andry Rajoelina a donné une année probatoire au gouvernement actuel avec une première évaluation au mois de juillet. La question se pose ainsi si les nouveaux membres de l’Assemblée nationale auront la patience d’attendre janvier 2020.  
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