Manifestation - La révolte gronde au parvis


Les députés du changement annoncent la sortie de leur « joker » pour la suite de leur lutte. Les syndicalistes laissés pour compte se radicalisent. Amère. Les banderoles des manifestants du parvis de l’Hôtel de ville à Analakely seront encore en service pour un bout de temps. Le nouveau gouvernement de Christian Ntsay présenté, lundi, semble ne pas convenir à ceux qui sont aussi bien sur le podium que dans les rangs des manifestants. Surpris par le nombre de sièges obtenus par le parti Hery vaovaon’i Madagasikara (HVM), ils dénoncent une violation grave et flagrante des décisions de la Haute cour constitutionnelle du 25 mai. Ainsi, ils ont appelé à une grande mobilisation, ce jour, pour « décider de la suite de cette lutte », selon la députée Me Hanitra Razafimanantsoa. Le nouveau gouvernement a vu le jour à l’issue d’un accord politique entre les trois courants politiques sous l’égide de leurs chefs de file, affirme le président de la République à Iavoloha, avant-hier. Un accord qui aurait été conclu en haut lieu, coupant ainsi l’herbe sous les pieds des députés du changement, depuis la nomination du Premier ministre jusqu’à la formation du gouvernement. Devant le fait accompli, les députés du changement et les syndicalistes s’indignent. «La situation qui prévaut n’est pas cohérente à l’objet de cette lutte », s’insurge la députée Marie Thérèse Volahaingo. Fidélité Rappelant leur fidélité aux promesses tenues devant les manifestants du parvis, les députés du changement interpellent leurs compagnons de lutte devenus ministres à pactiser avec les manifestants du Parvis. « Le fait que vous faisiez partie de ce gouvernement est d’un commun accord. Démissionnez si vous constatez des incohérences à l’objet de notre lutte », poursuit Me Hanitra Razafimanantsoa. Censé mettre fin à la crise, le gouvernement chargé d’organiser une élection libre, transparente, inclusive et acceptée de tous, suscite un tollé dans les rangs des manifestants. Ainsi, le parti Tiako i Madagasikara entend intensifier la lutte en sortant les « jokers si nécessaire». Un « joker » avec qui le président de la République a conclu un accord dans la formation du team Christian Ntsay. « Nous invitons le Mapar d’en faire autant car notre solidarité est la clé de la réussite de cette lutte », continue l’avocate. La voix s’élève également du côté des syndicalistes. À part les figurants chargés de porter les banderoles lors du traditionnel carnaval au parvis d’Anala­kely, les syndicalistes sont le moteur de cette manifestation quotidienne. Oubliés dans le partage du gâteau, mais « compréhensifs » sur le fait que les députés du changement sont soumis à la discipline de parti, ils ont haussé le ton hier. Radicaux, ils s’en tiennent aux revendications premières de cette manifestation : la démission du président de la République. « Si vous êtes obligés de suivre les disciplines de vos partis, laissez les syndicats mener cette lutte. La démission du président de la République sera un préalable avant toutes négociations », soutient le syndicaliste Rado Rabarilala. Dans la foulée, il a annoncé que toutes décisions seraient désormais prises avec les syndicalistes. En attendant la sortie des « jokers », certains ministres issus du Mapar ont déjà effectué leur passation avec leurs prédécesseurs. Par ailleurs, ils ont une « excuse » valable de ne plus revenir au parvis de l’Hôtel de ville d’Analakely : préparer une élection.  
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