Piqûre de rappel


Une ordonnance médicale pour une seringue. C’est la mesure prise par les autorités sanitaires pour limiter les dégâts causés l’injection à l’héroïne qui fait rage chez les jeunes actuellement. Une annonce accueillie plus ou moins bien par l’opinion qui se sent sanctionnée pour une faute qu’elle n’a pas commise. Ce sont les addicts à la drogue qui font des bêtises et c’est tout le monde qui doit chercher une ordonnance pour une seringue. Tant qu’à faire et pour s’assurer que la mesure soit totalement efficace, pourquoi ne pas grever de frais une ordonnance pour une seringue ? Un prix de 10. 000 ariary par ordonnance pourrait bien être dissuasif. Le hic c’est que les drogues n’en auront rien à cirer, ce sont les gens bien qui vont trinquer. Les addicts à l’injection n’ont qu’a réutiliser une seringue autant de fois qu’il le veut, si ce n’est déjà la pratique, pour rendre la mesure inoffensive. D’ailleurs jadis, les seringues s’utilisent à l’infini avec une stérilisation après chaque usage. Les seringues à jeter sont nées avec le Sida pour éviter la transmission du VIH d’un malade à une personne saine. Le risque de propagation de maladies en tous genres est donc réel étant donné que la réutilisation d’une seringue deviendra inévitablement une pratique démocratisée. Et puis le monde de la drogue n’est jamais à court d’idées. La prise de stupéfiant se justifie pour certains par un développe­ment de l’imagination et de la création. Ainsi si on limite l’usage de seringue, ils sont capables de fabriquer des chewing-gums à l’héroïne, du thé à l’héroïne, des sucettes à l’héroïne, des pâtes de fruits à l’héroïne, des barres de céréales à l’héroïne, du yaourt à boire à l’héroïne… Mieux ils peuvent transformer l’héroïne en condiment à la place du curcuma ou du curry… On verra bien si cette mesure aura les résultats escomptés ou si elle sera une porte ouverte vers d’autres variantes de la drogue. Il serait mieux d’attaquer le mal à la source. Cerner le réseau et mettre hors d’état de nuire les manitous qui se terrent derrière les trafiquants. Si on continue de se contenter d’emprisonner le petit dealer du coin sans toucher les vrais caïds, l’injection se fera toujours avec ou sans seringue.
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