Monde - Birmanie, l’introuvable démocratie


Pays qui cherche la démocratie, la Birmanie, après une décennie d’accalmie, retombe sous la coupe d’une junte militaire. C’est par ce sujet que Tom Andriamanoro ouvre sa chronique hebdomadaire. Il continue, en outre, sa série « Histoires d’Iles » et évoque l’empereur Napoléon Ier en présentant les Iles d’Elbe et Sainte-Hélène. Sa Rétro Pêle-mêle accueillera un portrait du pasteur Daniel Ralibera. Et il termine sur la covid-19 avec la polémique sur l’institution du passeport vaccinal en Europe. Il est certains pays où l’activisme politique et les ambitions personnelles sont habilement dissimulés derrière des aspirations pseudo-démocratiques par des maquignons professionnels de la manipulation. Il en est tout autre du pays d’Aung San Suukyi, dont le combat a été reconnu et honoré mondialement par un Nobel de la Paix. Depuis son élection en 2012 en tant que députée, la figure de proue de la lutte populaire birmane avait progressivement pris les rênes du pays, tournant la page d’une longue période de régimes autoritaires. De 1962 à 2011, en effet, la Birmanie a été sous la coupe d’une succession de juntes militaires. L’éclaircie ne durera qu’une dizaine d’années, car vint ce fameux Coup d’état du 1er février 2021 qui replongea la Birmanie dans le monde des ténèbres, et dont le fait marquant a été l’arrestation d’Aung San Suu Kyi. Mais pourquoi donc ce pays qui mérite mieux n’arrive-t-il pas à s’extirper de la dictature ? Est ce parce que la Birmanie qui compte cent trente cinq ethnies différentes ne doit son unité qu’à la férule d’un pouvoir militaire fortement centralisateur ? Retour sur les jours qui suivirent le putsch du 1er février. Des militants pro-junte, armés de tuyaux et de lance-pierres, affrontent des habitants de Rangoun la capitale, dans une soudaine montée de la tension. Facebook annonce la fermeture de tous les comptes liés à l’armée. La colère contre les généraux gagne tout le pays. Des centaines de milliers de manifestants descendent dans la rue pour réclamer la libération d’Aung San Suukyi. Face à eux, des partisans des militaires, nettement moins nombreux, brandissent des pancartes avec l’inscription : « Nous soutenons nos Forces de défense ». Les concerts de casseroles et de marmites s’élèvent dans cette atmosphère moite caractéristique du Sud-Est asiatique. L’affrontement est inévitable aux abords de la gare centrale. « Ils nous ont visés avec des lance-pierres à partir d’une voiture. Ce sont des brutes ! » Une dizaine de personnes sont blessées à la tête. Surpassant en nombre les pro militaires, les habitants en arrêtent quelques-uns armés de matraques, de couteaux de poche, de frondes. À l’arrivée de la police, des femmes et des enfants forment spontanément des boucliers humains en se tenant par le bras pour empêcher d’éventuelles arrestations. Des images circulent sur les réseaux sociaux, montrant un homme armé d’un couteau qui poursuit des manifestants dans le centre-ville. Le long des rues où passent les pro-juntes, la foule brandit des billets de banque, les accusant d’avoir été payés. La Nobel de la Paix est enfermée sans ménagement malgré ses 75 ans pour des motifs montés de toutes pièces et sans rapport avec la situation politique : importation illégale de talkies-walkies, violation des lois sur la gestion des catastrophes naturelles… La Banque Mondiale suspend les aides, une mesure qui n’affecte néanmoins pas les ministères et agences gouvernementales engagés dans la fourniture de services publics essentiels. Mais « la Banque peut exiger le remboursement des fonds qu’elle estime ne pas être nécessaires pour le moment pour la réalisation de divers projets », précise Mariam Sherman, directrice de la Banque en Birmanie. [caption id="attachment_118928" align="aligncenter" width="616"] Le 25 février dernier, les supporters de la junte réagissent aux démonstrations de force des antimilitaires.[/caption]
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