Clubs de service public


Les actions des clubs de service ont du sens. En présence de Barry Rassin, Président du Rotary International, et de Shelly Oukabay, rappelons-le en cette période du 8 mars, première femme rotarienne de Madagascar, intrônisée en 2001, et première femme élue Gouverneur du district 9220 en 2018, le Rotary a donc mis un bibliobus à la disposition des élèves de l’école primaire publique d’Antsahabe. Mettre la Culture et le Savoir à la portée de tous : l’esprit le plus chagrin ne peut qu’y souscrire. Même si la nourriture ne fait pas bon ménage avec les livres (sauf à emballer des menakely dans un papier-journal), il avait bien fallu transformer la seule grande salle en réfectoire pour les 500 repas offerts aux élèves. Heureusement, au-delà du triste spectacle de ces sempiternels tables-bancs, modèle déposé en France presque à la même époque que le Code malgache des 305 articles (29 mars 1881) qui instaure l’instruction obligatoire (article 271), j’aperçois ce qui me semble le plus important en ces lieux : des vitrines emplies de livres, nourriture de l’esprit. Ce genre d’incursion, dans des écoles qui ne doivent pas recevoir bien souvent une «inspection académique», permet de dénoncer l’état d’abandon de l’instruction publique. Le mobilier à place multiples, avec un banc sans dossier, est un témoin à charge muet dans nos écoles publiques : les reportages des soirs d’élections nous le montrent dans son archaïsme qui a dû causer tant de cas de scoliose. Ce modèle-là date d’avant l’instruction ministérielle française du 18 janvier 1887, étendue à Madagascar depuis 1896. Guère plus moderne : à l’EPP d’Antsahabe, nos élèves de 2019 sont assis sur des tables-bancs modèle «Topaze», d’après ce livre de Marcel Pagnol qui date tout de même de 1928 pour sa première représentation théâtrale ou de 1951, avec Fernandel, au cinéma. Bref, un modèle de pupitre d’il y a au mieux 70 ans. Le ministère de l’éducation nationale attend sans doute que le Rotary ou le Lions modernise à leurs frais le mobilier scolaire des écoles malgaches. S’il n’y avait que l’instruction publique. Les Rotariens de Madagascar ont également fait venir à Antsirabe une délégation de médecins indiens du District 3080 pour des consultations médicales gratuites : médecine générale, dentisterie, chirurgie plastique, dermatologie, ophtalmologie, ORL, gynéco-obstétrique... J’avais craint que les installations ne soient au diapason de notre sous-développement. Heureusement, en «zone stérile», tenue de bloc, calot, masque, et bottes, semblaient à leur place. Le bloc opératoire de l’hôpital de référence avait l’air de ce qu’il doit être, un vrai bloc opératoire. Malgré tout ce qu’on peut (mé)dire de ces missions humanitaires du type de l’ONG «Mercy Ships», du «Lions Sight First», ou de «Starkey Hearing Foundation» avec le Rotary, elles suscitent un formidable engouement chez de gens que le système sanitaire malgache a complétement oubliés. Et tant que l’État malgache n’investira pas l’argent là où sa population en a besoin, il faudra féliciter ces clubs-providence.
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