Déclaration d'urgence - Les « aides » internationales en stand-by


Des partenaires internationaux de Madagascar attendent une déclaration d'urgence de la part de l'Exécutif. Une décision « incontournable » pour un « relèvement » multisectoriel après le passage d'Enawo. Relèvement. Jargon utilisé dans la gestion des ris­ques et catas- trophes pour parler de la reconstruction après le passage d'une catastrophe naturelle. Car c’est désormais le grand défi, suite aux désastres causés par le cyclone Enawo. Des entités internationales n'attendraient plus que le feu vert de l'État pour actionner les dispositifs d'appuis d'urgence et, surtout, d'aide au « relèvement », suite aux dégâts. « Nous ne pouvons rien faire tant qu'une déclaration d'urgence n'a pas été, officiellement, faite par l'État », explique une source auprès d'une représentation diplomatique, contactée, jeudi. Une autre contactée, ven­dredi, avance la même réponse. Certaines entités étrangères ont à leur disposition des fonds pour financer des réactions d'urgence aux catastrophes naturelles. « Les moyens à disposition ne suffiront pas, face à l'ampleur des dommages », confie, pourtant, une source proche du dossier. Devant être faite par dé­cret pris en conseil des ministres, la déclaration d'urgence ouvre la voie aux appuis internationaux, suite à une catastrophe naturelle. « Ceci s'explique par le fait que les questions humanitaires sont, aussi, des sujets de souveraineté », a expliqué un diplomate de carrière. Les aides inhérentes à ce dispositif jouissent d'une certaine célérité dans les procédures de décaissement, contrairement aux appuis budgétaires ou au financement des investissements internationaux. « Vu l'ampleur des dégâts, une déclaration d'urgence est nécessaire », a réitéré Thierry Venty, secrétaire exécutif du Bureau de la gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), lors d'un entretien téléphonique, hier. Multisectoriel Selon ses explications, les données des « évaluations quantitatives », des dégâts dans le Nord-Est de Mada­gascar, en particulier, confirment cette nécessité. À entendre le numéro un du BNGRC, le pouvoir n'a pas encore fait une déclaration d'urgence, car il n'était pas en possession des informations requises. « Les conditions météorologiques nous ont empêchés d'avoir accès aux sites sinistrés. Ces derniers jours, nous nous sommes efforcés d'avoir les informations les plus complètes possibles sur l'étendue des dégâts et les besoins », ajoute Thierry Venty. Des données seraient déjà entre les mains du gouvernement et devraient lui permettre de prendre une décision quant à la déclaration d'urgence. Rien que pour le district d'Antalaha « il y a plus de 10 500 maisons détruites, plus de 10 000 maisons décoiffées, plus de 4 000 maisons inondées, sept hôpitaux non fonctionnels, ainsi que soixante dix neuf écoles et bâtiments administratifs détruits », rapportent des sources locales. Les plantations de vanille sont détruites à 100% et 80% des rizières sont submergées par l'eau. Thierry Venty indique, cependant, que des chiffres sur les estimations des coûts de la reconstruction ne sont pas encore disponibles car, les « évaluations quantitatives ne sont pas encore terminées ». À lui d'expliquer, cependant, que les évaluations quantitatives des dégâts ne portent pas, seulement, sur les dommages en matière d'infrastructures mais, aussi, des conséquences sociaux-économiques des sinistres. Ce qui implique que « le relèvement soit multisectoriel et nécessite des moyens conséquents vu les ravages d'Enawo dans plusieurs localités de Madagascar, surtout, dans le Nord-Est », soutient le responsable du BNGRC. Les appuis financiers, mais aussi matériels, suite à une déclaration d'urgence, sont destinés aux reconstructions des infrastructures mais, aussi, aux relèvements sociaux-économiques des zones dévastées par des catastrophes naturelles. Lors d'une déclaration à la presse faite, à Mahazoa­rivo, mercredi, Solonan­drasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, a soutenu que s'il s'avère que « les moyens à la disposition de l'État n'étaient pas suffisants, une déclaration d'urgence sera faite ». En attendant, des partenaires internationaux de la Grande île rongent leur frein, et s'attèlent à collecter le maximum d'informations pour être opérationnels le moment venu. Garry Fabrice Ranaivoson
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