Après Enawo...


Après Enawo… Chaque année ou presque, Madagascar est traversé par des cyclones qui entrainent bien des désolations derrière leurs sillages. Enawo ne sera pas le dernier de ces catastrophes naturelles. Mais malgré les expériences que nous avons engrangées et en dépit des efforts très appréciés des services météorologiques qui ont relayé à temps les informations utiles et du BNRGC qui, semble-t-il, est à pied d’œuvres dans diverses localités, l’arrivée d’Enawo semble quand même nous prendre de court. Les remblais à outrance, les constructions sur les terrains inappropriés et en zones inondables, l’urbanisation sauvage, l’obturation des canaux d’évacuation, autant de situations qui aggrave la gestion des intempéries. Même les matériaux de construction ne sont pas adaptés pour faire face aux catastrophes naturelles, tant et si bien que les cases, les écoles, les maisons s’effondrent sous la pression de la pluie et du vent, puis la montée des eaux. A chaque saison d’intempéries, les pluies diluviennes ravagent des localités entières, qui se retrouvent par la suite enclavées, laissant des familles démunies et fragiles. Par ailleurs, il semble que des gestes simples en temps cycloniques, comme le nettoyage des ravines et des canaux d’évacuation, l’élagage des arbres à proximité des habitations, ne sont pas toujours acquis par la population. Au-delà de la gestion des risques et catastrophes, c’est sans doute toute notre mode de vie, d’habitation et l’expansion de nos villes que nous devons penser, en tenant compte de notre vécu commun. La vulnérabilité malgache est d’autant plus accrue que nous affrontons de plein fouet les impacts du changement climatique. Des bouleversements qui mettent à mal l’équilibre de vie de milliers de villages de pêcheurs, d’agriculteurs, de paysans qui vivent directement des bienfaits de la mer et de la terre, et sont ainsi intimement tributaires du climat. Or, le niveau d’adaptation nationale au changement climatique est loin d’être au point, et des millions de personnes peuvent voir leurs moyens de subsistance détruites, le temps d’un cyclone. Panser les blessures est plus lourd que les éviter, plus lourd psychologiquement et financièrement. Mais puisque nous savons désormais que nous ne serons pas  épargnés, il est plus judicieux de mieux se préparer. Se préparer à long termes, pour la cinquantaine d’années à venir en puisant dans nos expériences et celles d’autres pays similaires. S’il existe déjà des documents, les rendre accessibles. Peut-être pourrions-nous même bénéficier d’appuis de nos élus qui mettraient autant d’entrain pour exiger d’avoir des 4X4 que pour exiger plus d’implication et d’application de ces dispositions de la part de notre gouvernement. Colmater les plaies à coups de dons aux sinistrés est déprimant, financièrement onéreux et tout à fait à l’opposé d’une stabilité que l’on est en droit de réclamer. Car le sinistre ne concerne pas uniquement la perte des maisons d’habitation, les décès et les blessures. Pour beaucoup, il touche aussi les récoltes, les élevages et donc, les sources de revenus pour faire vivre plusieurs familles sur plusieurs mois. C’est la paralysie de plusieurs localités. Le scénario revient quasiment tous les ans ou presque, il doit bien avoir une solution solide pour mettre fin à cette situation désastreuse. Depuis le temps que l’on dit que toutes les conditions de réussite sont réunies… Mialisoa Randrimampianina
Plus récente Plus ancienne