Deux forts hova dans la baie de Bombetoka


En 1852, lors d’une visite de routine sur la côte Nord-ouest de Madagascar, notamment dans la baie de Bombetoka, le commandant Fournier du Victor rédige un rapport à l’intention de l’amiral Laguerre, commandant de la Station navale. Dans une note explicative, Christian G. Mantaux mentionne que le commandant Fournier apporte de nombreuses précisions et traite de sujets très divers, « allant du climat au commerce, sans oublier la situation militaire de Mahajanga sous Ranavalona Ire ». Mantaux relève plus précisément deux points, le premier sur l’emplacement de Bombetoka, le deuxième sur le gouvernorat de la province par Rainimamonjy. La ville de Bombetoka est signalée depuis 1540 par des navires portugais comme un Comptoir florissant, mais depuis, il ne subsiste aucune trace permettant de la retrouver. « C’est à l’entrée de sa rive gauche que s’élevait autrefois la ville de Bombetock, dont il ne reste aujourd’hui que le cimetière (…) C’est à peu près le seul point abordable. » La baie de Mazangaïe ou de Bombetock, écrit Fournier, est l’une des plus belles de la côte Ouest malgache. Il divise ce vaste bassin en avant-baie qui comprend le premier bassin dont le point principal est Mahajanga et devant lequel se trouve le mouillage ; et l’arrière-baie où se jette le Betsiboka. C’est sur la rive gauche du fleuve que s’élevait la ville de Bombetoka. Ce second bassin « est fermé de toutes parts d’une forêt de palétuviers si épaisse et d’une boue si intense qu’il est difficile d’y atterrir ». Fournier estime que la baie est peu salubre. Il mentionne aussi l’existence d’une « espèce de singe fort remarquable appelé ‘Tsifaka’ par les naturels ». Il le décrit comme un animal doux, dont la tête ressemble à celle du mouton. Tout son corps est d’un blanc velouté magnifique, « excepté le dessous du ventre qui est couleur marron ». Poursuivant sa description, il indique qu’à peine entré dans le chenal, le navigateur constate que les eaux changent subitement de couleur et prennent une teinte rougeâtre qui distingue cette baie de toutes les autres. Cette couleur proviendrait de la nature du sable et des fonds que charrie la Betsiboka. Dans l’ensemble, le pays offre un aspect agréable, mais uniforme : à l’est, les terres sont basses et couvertes d’une riche végétation ; à l’ouest, le paysage est fait d’une série de collines, boisées à leurs sommets, mais arides et pierreuses à leur base. Dès l’entrée de la baie, on distingue une falaise droit devant, la pointe Anoron’ Ambato où se trouve le premier fort merina, remarquable à son pavillon. C’est plutôt un fortin de forme circulaire avec un mur d’enceinte. Il est en pierre et haut de 4 à 5 m. Dans le mur d’enceinte, sont pratiquées des embrasures distantes les unes des autres d’environ 3 m. Chacune a une pièce de canon, facilement visible à l’œil du pied de la colline. Certains assurent que ce premier fort serait défendu par vingt pièces de canon, d’autres parleront de six canons du côté de la mer. La pointe Anoron’Ambato, « si pierreuse et hardie qu’elle soit », est cultivée et plantée de manioc. « On reconnait à ce travail la présence et l’action des Ovas, peuple beaucoup plus laborieux et agricole que les autres Malgaches. » Un deuxième fort ou fort principal domine le mouillage de Mahajanga. Il est masqué par un massif d’arbres entre lesquels on aperçoit la résidence du gouverneur. Celle-ci est placée au centre du fort où se trouve aussi le village ou garnison merina. Quatre accès se remarquent, gardés chacun par un poste de quatre soldats. En général, le reste de la garnison cultive et élève des bœufs. De temps en temps, on les rassemble pour l’exercice. En temps de guerre, seuls les Merina combattent, les éléments arabes et sakalava étant retenus au fort pour éviter qu’ils ne passent à l’ennemi. Et si leur participation au combat est indispensable, on les arme de sagaie car seuls les Merina ont des fusils.
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