Mananjary marquée par le prestige de Ravalarivo


Dans ses Notes sur les Antambahoaka, Armand Raomelina parle de l’origine de leur capitale, Mananjary (lire précédente Note). L’histoire de la première évolution de cette ville me parait aussi obscure que celle de sa fondation. L’auteur l’explique d’abord par le prestige personnel du fondateur, Ravalarivo ou Ratiambahoaka, descendant du prince Raminia. Incontestable détenteur de Sourates, comme l’attestent quelques chapitres transmis à ses successeurs d’aujourd’hui, Ravalarivo a toutes les chances « d’en imposer sur le peuple naïf qui l’entourait et qui ne manquait pas d’être séduit par sa science ». Dès lors, son village, ne manque pas de devenir un centre d’attraction pour ses clients convaincus. Ils viennent le consulter sur l’astrologie, la divination et sur « d’autres pratiques mystérieuses que comporte la civilisation musulmane ». Ensuite, le grand développement de la ville de Mananjary vient de sa position près d’une importante porte d’accès dans la Grande ile par la côte orientale. « Aussi, lors de l’occupation merina ne manqua-t-elle pas d’être surnommée Mananjara-ville, la chanceuse, nom qui se corrompit en Mananjary, lequel fut transmis ensuite au fleuve qui la baigne. » Ainsi, la ville est déjà un port dès l’époque du gouvernement hova. Et dès lors, Mananjary joue déjà d’importants rôles, d’après Hubert Deschamps. Selon cet historien, en 1824, le roi des Betsimisaraka, Jean René, une fois soumis à Radama Ier et devenu son allié, se charge d’une expédition militaire dans le Sud-est de Madagascar. Il est alors accompagné du Grec Nikolos qui est, par la suite, nommé Andriambaventy, chef ayant droit de justice, à Mananjary. Cette influence des Merina est, pour Armand Raomelina, prouvée par quelques monuments qu’ils ont laissés. Dans le quartier d’Ankadirano, se trouve un temple de l’Église réformée, dont la date de fondation, 1890, portée sur le mur, témoigne de l’influence de Ranavalona III, reine protestante de l’époque. En outre, un rôle d’expansion le long de la côte, contribue également au développement économique de la localité. Toujours d’après Hubert Deschamps, un demi-siècle auparavant, sous Ranavalona Ire, le Breton Napoléon de Lastelle s’établit d’abord à Toamasina en tant que représentant de la Maison Rontaunay de La Réunion. Reconnu citoyen malgache et investi du pouvoir d’un agent principal du commerce extérieur par la reine, il achète une plantation à Mahela, à 25 km au nord de Mananjary. Ce village est situé à l’embouchure du lac saumâtre Rangazavaka. Pourtant, l’accès de son petit port, gêné par une barrière de récifs de coraux, ne permet pas des relations régulières avec les pays correspondants, en particulier avec Toamasina. Aussi faut-il recourir à l’embouchure de Mananjary qu’un chapelet de lagunes, interrompu par de petits Pangalana, lieus de transbordement, peut favoriser la communication avec Mahela. Armand Raomelina qui écrit ses Notes en 1969, signale qu’il n’est pas en son pouvoir de préciser l’ordre chronologique de création des ports de Mananjary et Mahela, ni d’établir leurs relations statutaires. « Seraient-ils des établissements contemporains, fonctionnant parallèlement ou ayant un rapport de dépendance ou de hiérarchie ? » En tout cas, un fait est à retenir : le port de Mahela est supprimé au profit de celui de Mananjary.
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