Transport aérien - Le Business plan d’Air Madagascar adoubé


Pour la première fois un membre du gouvernement, Roberto Tinoka Raharoarilala, ministre des Transports et de la météorologie, parle des solutions proposées pour envoyer Air Madagascar sous d'autres cieux. Le doute n’est plus permis. L’imbroglio se dissipe. Roberto Tinoka Raharoari­lala, ministre des Transports et de la météorologie, disparu des écrans-radars depuis quelques jours pour cause de maladie, est revenu sur le devant de la scène. Ou plutôt sur le plateau d’une chaîne de télévision privée. Pour évoquer de nombreux sujets brûlants de son département. Entre autres la disparition programmée de la compagnie aérienne nationale Air Madagascar. Jadis porte-étendard et fierté de toute une nation. Devenue aujourd’hui un fardeau financier pour tout un peuple. Roberto Tinoka Raharoarilala lui a rendu un hommage digne de son rang avant de confirmer tout ce que Rinah Rakoto­manga, vice-présidente du Conseil d’administration d’Air Mada­gascar, a déjà exposé plus tôt. « La mise en redressement judiciaire d’Air Madagascar le 14 octobre, avec le verdict du Tribunal du commerce le 18 septembre, a été la première étape, il y en aura plusieurs, pour sauver cette société d’État sous l’appellation de Madagascar Airlines, qui en assure désormais l’exploitation. Je tiens à saluer ici l’implication directe, permanente et sans relâche du président de la République Andry Rajoelina dans la recherche de cette issue de secours. Car, avec cette procédure judiciaire, sans aller jusqu’à la liquidation pure et simple, c’est le sort réservé à d’autres entreprises sous la tutelle de l’État ». Il continue ses explications en indiquant « que cette procédure et cette disposition judiciaires vont permettre de réunir les créanciers d’Air Madagascar et de négocier l’échéance de paiement de leurs avoirs ». Déconfiture Tout en rappelant au passage « qu’en 2018, Air Madagascar avait une ardoise de 80 millions de dollars. Effacée par la partie malgache. La conclusion d’un contrat de partenariat stratégique avec Air Austral a abouti avec une nouvelle dette de 80 millions de dollars. La compagnie aérienne nationale a ainsi traîné un boulet financier de 160 millions de dollars ». Il impute cette nouvelle déconfiture financière par « la création de Tsaradia, filiale d’Air Madagascar assurant les vols domestiques ». Pourtant, d’autres spécialistes de l’aéronautique civile « ont estimé que Tsaradia a été la seule réussite de ce mariage qui s’est terminé par un éclatant divorce ». Ceux ci ont aussi proposé que « la vraie relance d’Air Madagascar pouvait se faire avec une optimisation des activités de Tsaradia ». Il n’est plus question de reconsidérer ces options, somme toute aléatoires. Roberto Tinoka Raharoarilala réplique: « L’ATR 72 loué avec Air Austral n’était pas adapté ni à l’altitude de l’aéroport d’Ivato, ni au climat des autres régions du pays. S’il compte 64 places, il ne pouvait faire le plein compte tenu de ces considérations géographiques et climatiques. Voilà pourquoi des passagers prévus à être embarqués ont été transférés sur la liste d’attente. Alors qu’il y avait des sièges vides. Ces anomalies ont été répercutées sur le montant des prix des billets d’avion. Et dire que nous avons payé 196 000 dollars par mois de location de cet appareil. Alors qu’il existe, pour le même type d’appareil, des prix moitié moins chers que ces 196 000 dollars. Le redressement judiciaire a aussi permis de rompre ce point du contrat de partenariat stratégique avec Air Austral, sans encourir des lourdes pénalités financières ». En tout cas, le plan de redressement prévoit de recourir aux services d’un Embraer 190 Type 2 pour les trafics aériens nationaux et régionaux. « Plus adapté à nos besoins et facile à rentabiliser » plaide Roberto Tinoka. Pour le cas des employés, le ministre des Transports et de la météorologie a abondé dans le sens d’une compression du personnel à visage humain. « Air Madagascar compte mille quatorze salariés. En rapport au nombre de sa flotte, à raison de cent vingt personnes au plus par avion selon le standard international, six cents personnes devraient suffire. Mais des mesures d’accompagnement, encadrées par le projet Fihariana et Sonapar sont déjà en place pour réussir les reconversions professionnelles. Personne ne sera laissé sur le carreau » a tenu à rassurer Roberto Tinoka Raharoarilala. Il reste l’exécution du plan de vol. Le Fonds monétaire international, FMI, a prévenu, « qu’aucune injection d’argent public pour Air Madagascar ne pourra intervenir sans la fiabilité avérée de ce plan qui doit être avalisé ». Un premier jet de 25 millions de dollars serait attendu, d’après les indiscrétions glanées par des agents d’Air Madagascar. Devenus des oiseaux sur une branche. Malgré eux.
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