Réponds-moi Saint-Christophe


On souffre ! C’est tout ce qui a à dire. Tu vois mon cher Saint, depuis que le Pape est venu, ils n’arrêtent pas de nous ennuyer et de nous faire souffrir par ces coupures de routes. Une grande majorité de la population d’Itaosy doit se réveiller à l’aube, non pas pour les angeli matinaux mais pour se préparer à des heures de marche. Pour tout dire, ce ne sont pas les prières à la vierge Marie que les gens récitent au petit matin en étant forcé de parcourir à pied ces quelques kilomètres avant de trouver un taxi be. Les routes sont coupées et apparem­ment rien n’a été prévu pour que la vie déjà compliquée du peuple d’Itaosy ne tourne au calvaire. Un ouvrier maçon habitant à Itaosy et ayant un chantier à Ambohibao doit se lever à 3 heures et demie du matin, sortir de chez lui vers 4 heures, marcher jusqu`à Andranomena pour espérer trouver un bus. Du côté d’Ankorondrano les affaires ne trouvent pas de solutions. On a beau avoir un doctorat dans une matière très scientifique mais on n’y comprend rien. Le matin vers 9 heures, si on veut monter vers Antanimena via Henri Fraise, d’un coup cela passe, d’un coup cela ne passe pas. Saint-Christophe, ils nous font passer par Ankazomanga. En voyant les voitures qui descendent, on planifie qu’au retour, on prendra ce chemin. Pas de bol, au retour, on doit prendre un autre chemin. Pour faire quelques mètres du côté d’Andraharo, on doit invoquer tous les saints possibles et imaginables. Donc si là-haut, vous entendez vos noms plus que d’habitude, il est fort probable que ce soit la population tananarivienne qui ne sait plus quel gros mot prononcer. Loin de nous la vulgarité, mais après avoir été rôti au soleil durant des heures dans le taxi be, on passe enfin devant la petite barrière ridicule qui bloque la route. On se rend compte que toute cette attente est en réalité la conséquence de… rien du tout. Comment expliquer que cette route venant d’Antanimena vers Jesosy Mamonjy soit coupée alors qu’il n’y a visiblement rien qui s’y passe. Si les travaux ne commencent pas, pourquoi les voituresne peuvent pas rouler en attendant. Si les travaux sont terminés, il faut ouvrir la circulation. Du côté d’Andraharo, une trop grande portion de route est coupée alors que les engins ne font les ouvrages que sur quelques mètres. On imagine très facilement que du côté d’Itaosy et ailleurs, les choses se passent dans les mêmes conditions. Viens voir Saint-Christophe, ils nous font souffrir pour rien ! Toi le protecteur des automobilistes. Des heures perdues dans les bouchons sans raison. Un grand bol d’excès de zèle, deux grandes culières d’amateurisme et quelques pincées de « m’as-tu vu » font de ces travaux un enfer pour le citoyen lambda. Oui, ces travaux sont nécessaires. Non, autant de souffrances ne sont pas acceptables. Tu sais Saint-Christophe, pendant que nous perdons près de six heures par jour dans les embouteillages, les gyrophares refont surface. Les voitures de ces gros bonnets qui roulent tombeaux ouverts et en sens contraire sont de retour. Les promesses et grosses phrases de début de mandat commencent à retourner aux oubliettes. Réponds-moi Saint Christophe, où allons-nous comme ça ?
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