Ambilobe - Rajoelina pour une justice proche du peuple et sans corruption


La délégation présidentielle a conclu son escapade à Ambilobe par une série d’inaugurations, samedi. Une journée au pas de course qui a démarré par l’inauguration du tribunal du district. Une justice impartiale et absoute de la corruption. Voilà le desideratum fait par Andry Rajoelina, président de la République, durant l’inauguration du Tribunal de première instance (TPI), d’Ambilobe, samedi. Après avoir consacré la journée de vendredi à l’inauguration de la Route nationale numéro 5A (RN5A), Andry Rajoelina, président de la République, et sa suite ont conclu leur court séjour à Ambilobe par une nouvelle série d’inauguration, samedi. Comme coup d’envoi de ce début de week-end au pas de course, le Chef de l’État a coupé le ruban du nouveau tribunal d’Ambilobe. Tenant un discours en cette occasion, le locataire d’Iavoloha, qui préside aussi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), selon la Constitution, a appelé à ce que l'instance d’Ambilobe soit le palais de la justice, de l’impartialité et de la probité. “Sur chaque palais de justice, il y a une balance en équilibre. Ce que nous souhaitons, ce que la population escompte, ce que je vous demande, c’est que ce tribunal soit une Justice impartiale et loin de la corruption”, déclare le président de la République. Dans une période où la Justice se trouve au cœur d’âpres débats suite à la tragédie d’Ikongo, les mots du Chef de l’État peuvent avoir une portée nationale. L’impartialité et la probité sont martelées comme solutions à la crise de confiance entre les citoyens et la Justice. Un manque, voire l'absence de confiance, qui est soulevée par une partie de l’opinion publique, comme une des raisons du drame du 29 août, lequel découle d’une tentative de vindicte populaire, selon les explications officielles. La ruée d’une foule vers la caserne de la gendarmerie nationale d’Ikongo, pour réclamer la libération de quatre présumés kidnappeurs et assassins, afin de les lyncher, a eu une issue dramatique. Les gendarmes présents ont ouvert le feu contre la foule indiquée comme assaillante. Défense La semaine dernière, le ministère de la Justice a réagi. Les deux principaux responsables du ministère de la Justice, à savoir François Rakotozafy, garde des sceaux de la République, et Gabrielle Savatsarah Raby, secrétaire générale du ministère, sont montés au filet. Durant une cérémonie de lever de drapeau à la Cour suprême Anosy, le 5 août, le ministre Rakotozafy a “fermement rejeté” l’hypothèse que la tragédie d’Ikongo est le ré­sultat de l’absence de confiance des administrés envers la Justice. Dans un enregistrement sonore partagé à la presse, le même jour, Gabrielle Savatsarah Raby soutient, “il est vrai qu’à chaque vindicte populaire l’absence de confiance envers la Justice est systématiquement soulevée. Dire que cela n’est pas vrai serait mentir. Je tiens cependant à souligner que la Justice n’est pas la seule responsable, mais l’ensemble du système judiciaire, tous les acteurs du système. (...) c’est le système judiciaire qui va mal”. Elle ajoute qu’il ne faut pas rejeter toutes les fautes à la Justice. Dans leur contre-attaque, les responsables et acteurs de la Justice s’accordent sur le fait que “la Justice est le bout de la chaîne, mais pourtant, c’est sur elle que retombent tous les reproches”. Une formule reprise par le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), vendredi. Sur les faits d’Ikongo, tous martèlent que l’affaire était encore aux mains de la gendarmerie, mais n’a pas encore été remise à la Justice. Sur la question de la confiance, la secrétaire générale Savatsarah Raby souligne que tous les acteurs du système judiciaire doivent s’appliquer à rétablir la con fiance des citoyens. L’éducation citoyenne, la vulgarisation des lois et procédures judiciaires en font partie. Seulement, la persistance des réserves, des doutes sur l’impartialité de la Justice indiquent qu’il faut redoubler d’efforts pour rassurer les justiciables. À commencer par les acteurs de la Justice que sont les magistrats et le personnel judiciaire. Cet effort pour rassurer les citoyens prévaut pour l’ensemble du système judiciaire et de l’administration, certes. La justice est le bout de la chaîne du système judiciaire, selon la défense de Gabrielle Savatsarah Raby. Son rôle de la Justice est, toutefois, de dire le droit, rendre justice. Aussi, elle ne devrait souffrir d’aucune suspicion de partialité ou d'improbité. Une justice de proximité Le Tribunal de première instance d’Ambilobe cadre avec l’objectif étatique de rapprocher l’administration de la population, dont la Justice. Avant, comme témoigne François Rakotozafy, ministre de la Justice, il fallait parcourir 140 kilomètres jusqu’à Antsiranana pour toute procédure judiciaire. Le garde des sceaux de la République ayant déjà travaillé auprès de cette juridiction à la fin des années 90. “Les frais de déplacement des accusés étaient à la charge de ceux qui portaient plainte”, affirme-t-il. Andry Rajoelina, président de la République, renchérit en affirmant son regret que « pour une simple certification d’acte, ou l’obtention d’un certificat de casier judiciaire, qui est un acte d’une page, il fallait faire 140 kilo mètres. »
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