Toux va pour le mieux


Une surprise plutôt agréable. Des indices macro-économiques satisfaisants en dépit de la crise sanitaire qui a asphyxié la quasi-totalité des activités génératrices de richesses et créatrices d’emplois. Des informations émanant de la Banque centrale font état d’une réserve en devises de 2 milliards de dollars. L’équivalent 5,9 mois d’importation. Soit assez proche des six, le critère de contingence des pays membres de la SADC, souligne l’analyse de la Banque centrale. Une précision qui n’a aucune « valeur fiduciaire » dans le cas d’espèce. Cette organisation régionale, si prompte à sanctionner le régime transitoire né de la crise politique de 2009, à exclure Madagascar de son giron, n’a rien apporté au pays en guise de contribution à la lutte contre la propagation du coronavirus. Même pas un seul masque. Alors que des amis peu connus des Malgaches étaient venus à la rescousse. Comme ceux des Emirats Arabes Unis qui ont affrété des cargos entiers de matériel et d’équipements médicaux. À se demander si le moment n’est pas venu de renier cette tutelle politique encombrante de la SADC, sans intérêt économique et financier. Ceci étant, la Banque centrale attribue ce confort sur un épais et apaisant matelas de devises par les déblocages des contributions extérieures. Le Fonds Monétaire International, FMI, par exemple, n’a pas attendu la conclusion d’un contrat-programme pour soutenir de façon efficiente la stratégie de lutte contre la pandémie du coronavirus. Par le canal de la Facilité de Crédit Rapide, FCR, en offrant plus de 333 millions de dollars en deux tranches depuis le mois de mars. Les autres partenaires financiers comme la Banque mondiale, avec un chèque de 75 millions de dollars, la Banque Africaine de Développement, BAD, et les coopérations bilatérales n’étaient pas en reste. Ils ont rivalisé de générosité afin d’atténuer les contrecoups de la crise sanitaire sur la population. Un modèle d’exemplarité en matière de résistance et de résilience à toute épreuve. Mais d’autres facteurs ont aussi permis à la constitution de cette « dotation de provision » pour les importations. La forte réduction des factures pétrolières y était pour beaucoup. Par la baisse de la consommation à l’interne et la décrue des cours du baril sur le marché international. Au mois de mars-avril, tout s’effondrait et le brut se négociait aux alentours des 5 dollars. Le West Texas Intermediate, WTI, le brut américain, le concurrent du Brent de la mer du Nord, a même frôlé la braderie. La vente aux enchères aux moins offrants ! Les principaux acteurs du marché pétrolier de Madagascar ont-ils pu profiter de ces moments favorables afin de constituer des stocks pour prévenir les jours difficiles? Pour des raisons techniques liées aux logistiques, les achats se commandent au fur et à mesure des besoins. Il se peut ainsi que tout ait été décidé quand les cours du baril ont repris un peu de couleur. En tout cas, l’existence de ces 2 milliards de dollars peut rassurer les opérateurs économiques engagés dans l’import-export. Mais n’influence pas encore le rapport de force au Marché Interbancaire de Devises. Toujours au détriment de l’ariary. Et en faveur de l’euro et du dollar.
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