Ambilobe - Les Antakarana célèbrent le Bain Royal


La ville d’Ambilobe est en effervescence depuis quelques jours pour accueillir la cérémonie du « Fisehagna », du 12 au 14 août. Un rite incontournable des Antankarana. Cet aspect de la culture antankarana est organisé chaque année dans le village d’Ampasinantenina, dans la commune rurale d’Antsohimbondrona. Mais deux éditions n’ont pas pu être célébrées à cause de la pandémie et d’autres causes. Le mois d’août est choisi car pour les Antakarana, c’est le mois sacré ou le mois de la construction durable. Contrairement au « Sakave » (juillet) considéré comme un mois maudit au cours duquel rien ne peut être entrepris. Pendant ces trois jours, du 12 au 14 août, plus  de quinze mille personnes, venant de toutes les régions de Madagascar seront attendues à Ambilobe pour célébrer ce rite ancestral. C’est l’occasion pour eux de faire allégeance au roi coutumier et demander la bénédiction des dieux et des ancêtres. Des étrangers de Mayotte, des Comores, de La Réunion et même de France sont également attendus. Mais en raison de la fermeture des frontières, ils seront peu nombreux. En tout cas, tous les hôtels affichent complets. Aussi Ampasinantenina étant un  petit village, des pèlerins apporteront-ils des tentes et des nattes pour dormir, même à ciel ouvert. Pour les autorités locales, les préparatifs notamment des forces de l’ordre, sont mis en branle. «Tsimandrimandry» Dans le pays antakarana, le roi Issa Tsimagnamboho­lahy Alexandre, connu aussi par­Issa Tsimiaro-III y avait régné pendant trente cinq ans. Il a ouvert la porte du Fisehagna au public en 1981, si autrefois, seuls ses proches étaient autorisés à y assister. Tout débutera par la traditionnelle Tsimandrimandry qui se déroulera dans la nuit de jeudi. Ce sera une veillée marquée par des danses et des chants traditionnels animés par les artistes locaux. Le temps fort de cette assemblée sera le vendredi au cours duquel les participants prendront leur bain dans la mer. Puis, ils entourent un rocher sanctuaire dressé par les ancêtres pour être purifiés  de tous les pêchés quotidiens  et  pour obtenir des bénédictions. Au-delà de la culture et des traditions, le phénomène est indissociable à des enjeux socioéconomiques et environnementaux. Sur le plan environnemental, la mangrove locale est bien protégée, car les habitants la considèrent comme les biens du roi et personne n'ose couper les palétuviers. Sur le plan économique, des  personnes viendront à Ampasinantenina pour le commerce et pour le service non pas pour la cérémonie proprement dite. Il s’agit notamment de transporteurs, d’hôteliers, de gargotiers, des représentants de sociétés de téléphonie …
Plus récente Plus ancienne