Hausse des prix du carburant - En attendant les mesures d’accompagnement


Le pays s’est réveillé avec la hausse des prix du carburant, hier. Après le choc des nouveaux tarifs appliqués à la pompe, tous attendent de voir maintenant quelles seront les mesures prises pour atténuer son impact sur le coût de la vie. Cueillie à froid. La population l’a été, hier. Certes, tous se sont préparés psychologiquement à la hausse des prix du carburant. Seulement, le choc n’en a pas moins été dur à encaisser. D’autant plus qu’elle a été appliquée soudainement, durant les premières heures, un lundi matin. Les nouveaux prix à la pompe ont, visiblement, été actés durant le face-à-face final entre l’État et les pétroliers, dimanche, au palais d’État d’Iavoloha. Des négociations qui ont duré jusqu’à une heure du matin. Aussitôt décidés, les nouveaux tarifs ont donc tout de suite été appliqués. Le communiqué annonçant la hausse a été publié par le ministère de l’Énergie et des hydrocarbures à 6 heures, hier. C’est peu dire que le réveil a été douloureux. La grogne, les complaintes et les railleries sur les réseaux sociaux contrastent, toutefois, avec le calme apparent dans les rues. Dans l’ensemble, la population a continué à vaquer à ses occupations quotidiennes, bien que la situation soit difficile à digérer. À Antananarivo et ses environs, par exemple, les embouteillages quotidiens ont toujours été au rendez-vous. Pour les automobilistes et motocyclistes, les nouveaux prix du carburant se sont rappelés à leur bon souvenir lorsqu’il fallait s’approvisionner auprès des stations service. Plusieurs affichaient déjà les 4.900 ariary pour les prix du gasoil et 5.900 ariary pour le super sans plomb 95. “J’ai payé 120.000 ariary tout à l’heure, et je n’ai eu que 20 litres d’essence. D’habitude avec cette somme, le réservoir est presque plein”, s’en amuse un chauffeur d’une société privée, visiblement désabusé. La hausse de plus 40% des prix à la pompe oblige son entreprise à revoir rapidement son budget pour le carburant. Une fois le choc des nouveaux tarifs de l’essence et du gasoil passé, l’opinion publique attend maintenant les mesures d’accompagnement pour éviter qu’ils n'entraînent une flambée du coût de la vie. L’État martèle que les nouveaux prix du carburant découlent d’un consensus dans l’optique de préserver le pouvoir d’achat de la population et une dégringolade du tissu économique du pays. Seulement, tout comme la hausse inévitable appliquée, hier, tous appréhendent l’effet inflationniste qu’elle aura. À peine les nouveaux prix à la pompe affichés, les transporteurs sur le réseau national ont appliqué une hausse d’au moins 10.000 ariary, sur les tickets de Taxi brousse. Juguler inflation Une fois la question sur les nouveaux tarifs du carburant bouclée, l’État s’est attaqué à celle du prix du ticket des Taxi Be, hier. Une fois de plus, c’est Andry Rajoelina, président de la République, qui est monté au front. Il a réuni les représentants des transporteurs urbains et suburbains d’Antananarivo, hier, au palais d’Ambohitsorohitra. À l’issue de la réunion il a été décidé que les frais de bus seront majorés de 100 ariary, dès aujourd’hui. Pour Antananarivo, le tarif passera donc de 500 ariary, à 600 ariary. La hausse décidée hier à Ambohitsorohitra est tolérable, lorsque les coopératives envisageaient carrément de doubler le prix des tickets de Taxi Be. Selon Rolland Ranjatoelina, ministre des Transports et de la météorologie, de nouvelles négociations seront menées avec les transporteurs sur les lignes nationales, aujourd’hui. Régler la question des frais de transport public n’est qu’une partie des travaux à abattre, toutefois. Il y a, aussi, le cas des taxis et des transporteurs de marchandise. L’effet de la hausse des prix du carburant se ressent plus durement lorsqu’il faut en acheter en quantité importante. Les camionneurs grincent aussi des dents. Une hausse des coûts de transport aura des impacts sur les prix des produits transportés, notamment, ceux de première nécessité ou les PPN. C’est justement, sur les prix des produits du quotidien qu’une action étatique d’envergure est attendue. Comme l’a indiqué Christine Razanamahasoa, présidente de l’Assemblée nationale, en clôture de la dernière session parlementaire, la conjoncture actuelle est l’occasion de démontrer à la population qu’il y a des dirigeants étatiques sur lesquels elle peut compter. L’État dispose encore de l’option de renouveler pour trois mois le plafonnement des prix. Des observateurs ayant une certaine expertise en économie avancent, également, diverses options pour juguler l’effet inflationniste de la hausse des prix du carburant. Pour l’heure, Madagascar dépend des produits d’importation. Convaincre les importateurs, les grossistes et les distributeurs de suivre la ligne étatique qu’est celle de préserver le pouvoir d’achat est une des clés de la situation. D’autant plus que les produits en stock actuellement, ou déjà sur le marché ont été importés en mars ou en avril. Donc les nouveaux prix à la pompe n’entrent pas encore dans les paramètres des prix d’importation et d’acheminement vers les entrepôts et magasins. Convaincre les importateurs et autres acteurs du secteur donnera un sursis de quelques mois à l’État pour trouver une parade face à la fluctuation du prix du baril de pétrole sur le marché mondial. Le pouvoir compte, justement, trouver d’autres fournisseurs qui vendent leur pétrole à un prix plus bas que celui du marché. «Ce ne sera pas une mince affaire», reconnaît Olivier Jean-Baptiste, directeur général de l’Office malgache des hydrocarbures (OMH). Il y a, aussi, l’idée d’étudier l’utilisation de l’huile lourde Tsimiroro pour approvisionner la Jirama. Une autre action à mener en parallèle, selon certaines suggestions, sera de maximiser le rapatriement des devises découlant des produits d’exportation. L’idée est de stabiliser le cours de l’ariary et avoir suffisamment de réserves pour faire face aux incertitudes du marché mondial.
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