Un mois de foot


L’Argentine est championne d’AmSud, en attendant que l’Angleterre répare 55 ans d’incongruité. Mais, l’Amérique du Sud, qui a pourtant donné au football mondial quelques uns de ses meilleurs joueurs de tous les temps, fut victime de sa géographie excentrée, en décalage horaire avec le «cœur» de l’audimat footballistique international. Quoique. Par le passé, cet éloignement avait pu lui épargner des catastrophes, comme les deux «guerres mondiales», qui ne furent donc pas si «mondiales» puisque la Copa America avait pu organiser normalement trois éditions entre 1916 et 1919, et sept autres entre 1939 et 1949. En comparaison, les compétitions n’avaient pu reprendre que dans les années cinquante en Europe : 1955 pour la Coupe des clubs champions et 1960 pour l’Euro. N’empêche, mi-juin à mi-juillet aura été un mois de foot. Entre la Copa America (13 juin - 10 juillet) et l’Euro (11 juin - 11 juillet), exceptionnellement programmées à la même période pour cause de coronavirus, à moins que la Copa America, erratique, ne se cale sur la péridiocité, raisonnable et régulière, de l’Euro. Finalement, que l’Euro et la Copa America aient coïncidé n’est pas si étrange quand on songe à la pléthore de joueurs sud-américains dans les clubs européens. Ainsi, le Brésil comptait 20 de ses 24 joueurs qui évoluent en Europe. On peut regretter que leur parfaite assimilation dans les championnats européens ait fait perdre aux «Latinos» cette touche artistique qui faisait le charme, et la force, des équipes sudaméricaines. Un onze Euro contre un onze America aurait de la gueule. Rien qu’en attaque, Ronaldo, Lewandovski et Kane contre Messi et Neymar. Rien moins que les meilleurs buteurs de la Liga (Messi, 30 buts), du Calcio (Ronaldo, 29 buts), de la Bundesliga (Lewandovski, 41 buts) et de la Premier League (Kane, 23 buts): les quatre premières nations à l’indice UEFA des clubs. Alors que Lionel Messi, par trois fois finaliste malheureux (2007, 2015, 2016), vient de conjurer le mauvais sort, Neymar, bientôt trente ans, reste sur la liste des «grands» qui n’ont jamais gagné la Copa America: Pelé, Zico, Maradona... La Copa America pourrait devenir une Coupe des Amériques, en incluant les meilleures équipes nationales de la faible CONCACAF (Amérique centrale, Caraïbes, Amérique du Nord), comme c’était un peu déjà le cas lors de l’édition du centenaire, disputé en juin 2016 aux États-Unis. Parce qu’alors que se terminent la Copa America et l’Euro, avec leur pléiade de stars internationales, doit débuter une compétition plus anecdotique (de même niveau que les Jeux des îles de l’Océan Indien si on considère égales, puisque tous Départements français d’Outre-Mer, La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe), la Gold Cup (Mexique, Canada, États-Unis, Trinité-et-Tobago, Haïti, Salvador, Guatemala, Jamaïque, Suriname, Costa Rica, Panama, Honduras, Grenade). Par leur appartenance géographique, la Guadeloupe et la Martinique, deux territoires français, ont plus de légitimité que le lointain Qatar, une nouvelle fois invité aux Amériques après sa participation à la Copa America 2019. La FIFA, qui a déjà avalisé une Coupe du monde au Qatar en décalage avec le calendrier des meilleurs acteurs de ce sport, compte également organiser une Coupe du Monde tous les deux ans. La multiplication consécutive des matches va fatiguer les top joueurs mobilisés par les grands championnats européens et la Ligue des Champions. Conjuguée à son élargissement à 48 nations, on risque d’assister à un nivellement «démocratique» de la compétition par le bas.
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