Remaniement - Avertissement sans frais des députés au gouvernement


Le clash entre des députés et des membres du gouvernement a marqué la fin de la session ordinaire du Parlement. Une altercation suivie d’une collecte de signatures ciblant quelques ministres. Remanie­ment, collecte de signa­tures. Ces mots ont animé le microcosme politique, la semaine dernière. Des mots qui placent le gouvernement dans le creux de la vague. Les bruits affirmant l'éven­tualité et l'opportunité d’une retouche du gouvernement se font insistant depuis le lendemain de la fête nationale. Le clash entre des ministres et des députés durant la séance de questions et réponses à l'Assem­blée nationale semble avoir encore plus catalysé les débats sur l’imminence d’un remaniement de l'équipe de Christian Ntsay, Premier ministre. Après sa passe d’arme avec Johnny Andriamahe­farivo, ministre de la Justice, le député Naivo Raholdina, pourtant membre de la majorité, a requis une motion de censure partielle. L'élu du cinquième arrondissement d’Antananarivo a affirmé, durant une conférence de presse, qu’une collecte de signatures visant, notamment, le Garde des sceaux était en cours. Contac­té, hier, le député Raholdina concède qu’il a été l’initiateur de cette pétition parlementaire. Une initiative qui, dans la plupart des cas, découle sur une fronde en règle contre le gouvernement. Seulement, il ajoute, vingt-huit signatures ont été collectées, mais j’ai arrêté la démarche. Le haut parleur de l’IRD a stoppé sa collecte de signatures à la demande des ténors de son groupe parlementaire, selon ses explications. « Ils m’ont dit que ce n'étaient pas à nous, la majorité, qui allons donner une occasion à l’opposition de désarçonner le pouvoir », indique-t-il. L'élu dément, aussi, avoir réuni des députés au siège de son parti, la semaine dernière. Rupture Le clash entre le député Raholdina et le ministre de la Justice a pour origine le conflit foncier sur le terrain d’Antanandrano. L’oppo­sition et quelques députés indépendants se sont engouffrés dans la brèche laissée par cette altercation entre le député Raholdina et le ministre Andriama­hefarivo, pour prendre à partie le Premier ministre durant la séance de face-à-face à la Chambre basse. Si le député du cinquième arrondissement ciblait surtout le Garde des sceaux, d’autres élus auraient voulu profiter de cette collecte de signatures pour avoir le scalpe d’autres ministres qui leurs déplaisent. La Constitution ne parle pas de motion de censure partielle. Une motion de censure concerne collectivement l’ensemble du gouvernement. Certains courants politiques à l'Assemblée nationale ont voulu profiter de la démarche du député Raholdina pour bousculer la stabilité institutionnelle. D’autres y ont vu une opportunité pour redéfinir le visage du gouvernement et tenter de s’y installer ou installer des alliés. Bien qu’il y ait eu une prise de conscience, le député Raholdina n’en démord pas sur ses ressentiments contre le ministre de la Justice. Il a même reçu un soutien public d’un autre haut parleur Orange, le député Paul Bert Rahasi­manana, dit Rossy. Sur son compte Facebook, l'élu du quatrième arrondissement d’Antananarivo soutient que cela suffi t, les combattants montent en première ligne, pour pilonner les errances de certains éléments au sein du pouvoir. Lors de la cérémonie de clôture de la session, toutefois, Christine Razanamahasoa, présidente de la Chambre basse, a rappelé qu’il était le rôle de la majorité est, aussi, de soutenir la politique du pouvoir. S’il n’en a pas fait les frais, les scénarios de ces derniers jours démontrent une rupture entre des membres du gouvernement et des membres de la majorité au sein de l'Assemblée nationale. Une situation inconfortable pour l'Exécutif. Jusqu’ici, néanmoins, le Premier ministre Ntsay fait toujours l'unanimité au sein des Oranges. Le fait qu’il lui a été confié de s’adresser à la nation sur les mesures sanitaires, ces dernières semaines, pourrait indiquer qu’il garde la confiance du président de la République. Alors que le chef de l’État entame la deuxième moitié de son mandat, certains de ses fidèles veulent voir un gouvernement politique, pour préparer déjà la bataille électorale de 2023. Ils affirment qu’il y aurait des maillons faibles, au sein de l'équipe actuelle. D’autre part, une partie de l’opinion publique s’attend à voir un vrai gouvernement de combat pour mener de front la concrétisation des engagements présidentiels et les défis socio-économiques imposés par la crise sanitaire.
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