Cardinal Désiré TSARAHAZANA - « C’est une lourde tâche »


Le cardinal Tsarahazana constate l’ampleur de sa tâche. Le plus dur sera d’être concrètement un modèle de service et d’amour de l’autre, affirme-t-il. L’attente est grande. Le cardinal Désiré Tsara­hazana en est conscient. Accueilli en triomphe à son retour au pays mardi, le prélat, à tête reposée, constate l’ampleur des responsabilités qui l’attendent. Dans une prise de parole lors d’une réception organisée à la nonciature Ivandry hier, le cardinal de Madagascar concède que, face aux attentes, sa tâche ne sera pas facile. « Votre encouragement et votre soutien, j’en ai besoin, car derrière cette euphorie populaire, il y a une grande attente », déclare le cardinal Tsara­hazana. Rapportant un point souligné par le pape François dans son homélie lors du consistoire du 28 juin, au Vatican, il ajoute que le fait d’être cardinal « n’est pas du tout un honneur ni une élévation au-dessus des autres, mais au contraire une mission, un service ». Dans ce sens, celui qui préside également la Conférence des évêques de Madagascar (CEM), reconnait « qu’être cardinal de Madagascar dans le contexte actuel où la majorité des gens vivent dans une grande pauvreté, est une lourde tâche, une grande responsabilité ». Il ajoute, « la grande question que je me pose est comment est-ce que je peux répondre à cette attente des gens qui ont tant besoin de modèle concret pour le service et l’amour des autres ». Renforcer Son éminence Désiré Tsarahazana indique comme défi à relever pour la Nation, celle de combattre la tentation de « se refermer dans la recherche de nos propres intérêts et notre propre sécurité ». Les indicateurs socio-économiques sont dans le gouffre. L’arène politique est dominée par les mauvaises pratiques, la mauvaise foi et les querelles puériles plombent le pays. Dans ce contexte difficile, le cardinal de Mada­gascar devra oser sortir de sa zone de confort et dépasser les intérêts particuliers pour plaider au nom de l’intérêt général. Le changement pour gagner la guerre contre la pauvreté est le credo du nouveau cardinal de Madagascar dans ses prises de parole depuis sa nomination, le 21 mai. Dans une interview accordée à la chaîne française Kto, la semaine dernière, déplorant la souffrance des Malgaches, le cardinal Tsarahazana soutient « Je lance un appel à tous les dirigeants, à tout le monde (…) il faut changer notre manière de faire, d’agir, pour qu’il y ait du progrès dans notre pays ». Le changement, le progrès d’un pays nécessite un leadership politique efficace, efficient et éclairé. Une perle rare, de prime abord, dans la Grande île. La classe politique est systématiquement la destinataire des remontrances de la Conférence des évêques. Bien qu’il regrette que les interpellations du CEM tendent à être « des cris dans le désert », sur la chaîne Kto, le cardinal de Madagascar soutient que les évêques « ont le devoir » d’alerter, de rappeler à l’ordre « et le feront ». Présente à tous les niveaux de la Nation, l’Église catholique est une voix qui compte, même si certains font la sourde oreille. Un statut démontré par la bousculade des ténors étatiques et politiques pour s’afficher aux côtés du cardinal Tsarahazana à son arrivée mardi, lors de la réception d’hier à Ivandry, et à la paroisse Saint François Xavier Antani­mena, pour sa première messe. Hier toujours, en début de soirée, indique que c’est une entité incontournable. Alors que Son éminence Tsarahazana semble encore cogiter sur la manière dont il servira de modèle aux fidèles et à la population, sa qualité de conseiller du Pape pourrait suffire pour recadrer les fortes têtes politiques.  
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