Si la France du football apparaît souvent comme une équipe de FrançAfrique (8 joueurs noirs sur 11 titulaires), l’Allemagne a aussi ses «Deukische» pour «Deutsch + Türkisch». L’histoire de cette forte présence turque en Allemagne remonte à l’Accord germano-turc du 30 octobre 1961 (en plein «Wirtschaftwunder», miracle économique allemand) pour la venue de travailleurs migrants. Ils furent 2 500 «travailleurs invités» à arriver par le train, lointains héritiers de la ligne «BBB» (Berlin-Byzanz-Bagdadbahn) dont la construction fut concédée à l’Allemagne par le gouvernement du sulltan Abdülhamid, en 1903. Entre 1961 et 1973, 2,65 millions Turcs auront fait le voyage d’Allemagne, et si la crise pétrolière de 1973 arrête le mouvement, le petit million de Turcs établis en Allemagne est autorisé au regroupement familial. Ils seraient aujourd’hui 1,6 million de Turcs et 3 millions d’Allemands d’origine turque. Le Code de la nationalité allemande était modifié selon le principe du droit du sol depuis le 1er janvier 2000. Lors du Congrès FIFA de juin 2009, à Nassau, une proposition de la Fédération algérienne a été adoptée (par 112 pays contre 82), modifiant l’article 18 des Statuts et autorisant les joueurs binationaux à pouvoir changer une fois d’équipe nationale, sans restriction d’âge, tant qu’ils n’auront pas joué en sélection nationale A. Nés en Allemagne de parents turcs, Serdar Tasci et Mesut Özil ont acquis la nationalité allemande après cette modification du Code de la nationalité allemande et ont commencé à jouer en U19 en 2006. Mehmet Yüksel Scholl (né en 1970, 36 sélections avec l’Allemagne, entre 1995 et 2002), joueur emblématique du Bayern de Munich (469 matches), fut longtemps une exception, aucun joueur allemand d’origine turque n’étant, par exemple, aligné en demi-finale de l’Euro 2008 contre la Turquie. En demi-finale de l’Euro 2016, trois Germano-Turcs étaient alignés contre la France (Mesut Özil, Emre Can, Shkodran Mustafi). Mieux, au Mondial U17 de 2011, disputé au Mexique, et où l’Allemagne avait terminé troisième, 19 des 24 buts allemands (en 7 matches, ce qui contraste fortement avec l’impuissance de l’attaque allemande à l’Euro 2016) avaient été marqués par des joueurs Germano-Turcs qui étaient au nombre de 9 dans la liste des 24 joueurs, dont un (Emre Can) participa à l’Euro 2016. Entre 1934 et 1998, la Mannschaft ne compta qu’un seul joueur d’origine étrangère, Maurizio Gaudino, descendant d’immigrés italiens, qui participa à la Coupe du Monde 1994. Depuis, derrière le «contingent turc», d’autres «Multikulti», surtout polonais et ghanéens, ont joué pour l’Allemagne. Sur la base de l’article 116 de la Loi Fondamentale, les «Aussiedler» issus d’Europe de l’Est, et qui avaient été allemands sur le territoire du Reich au 31 décembre 1937, bénéficiaient d’une préférence nationale. Avant 1950, 9 millions d’exilés revinrent en Allemagne. Entre 1950 et l’an 2000, on estime à 4 millions le nombre des Aussiedler. Pour la seule année 1988, 140.000 arrivèrent de Pologne. Miroslav Klose (né en 1978 en Pologne, arrive en Allemagne en 1987 : meilleur buteur de toutes les Coupes du Monde), Tim Borowski (né en 1980, dans la RDA), Piotr Trochowski (né en 1984 en Pologne, arrive en Allemagne en 1989), Lukas Podolski (né en 1985 en Pologne, arrive en Allemagne en 1987) sont les internationaux allemands d’origine polonaise les plus connus. En 1884, l’Allemagne prend possession du Togoland, en Afrique. Après la guerre de 14-18, le pays sera partagé entre la France et la Grande-Bretagne. Par le plébiscite de 1956, le Togo britannique rejoint le Ghana. Est originaire de la minorité germanophone la lignée de joueurs allemands d’origine ghanéenne : Gerald Asamoah (né au Ghana, émigre en Allemagne en 1990, participe au Mondial 2002), David Odonkor (de père Ghanéen, participe au Mondial 2006), Jérôme Boateng (né en Allemagne de père Ghanéen : son frère choisit de jouer pour le Ghana et sera l’auteur de la grave blessure privant Michael Ballack de la Coupe du Monde 2006), Aux Jeux Olympiques de Berlin, en 1936, Hitler a sans doute refusé de serrer la main du quadruple champion olympique noir, mais Jesse Owens n’avait pas non plus été reçu par le président américain Roosevelt avant de partir pour l’Allemagne. Et c’est finalement dans l’Allemagne gouvernée par les Nazis que les 18 athlètes noirs de la délégation américaine seront traités humainement, l’Apartheid de la société américaine (c’est en 1956 que la Cour Suprême déclare inconstitutionnelles les lois ségrégationnistes) ayant également cours dans leur délégation olympique. Antonio Rüdiger (d’origine Sierra-Léonaise) Leroy Sané (d’origine sénégalaise), Jonathan Tah (d’origine ivoirienne) : ces internationaux allemands d’origine africaine illustrent une époque bien loin de cette lettre de la Feldkommandatur, du 9 août 1940, contre le Maire d’origine martiniquaise Raphaël Élizé, premier Maire noir élu en France, de Sablé-sur-Sarthe, depuis le 19 mai 1929 : «Incompréhensible pour le ressentiment allemand et pour le sens du droit allemand qu’un homme de couleur puisse revêtir la charge de maire (...) insupportable pour l’armée allemande de reconnaître comme maire en territoire occupé un homme de couleur, ni de discuter avec lui».
Si la France du football apparaît souvent comme une équipe de FrançAfrique (8 joueurs noirs sur 11 titulaires), l’Allemagne a aussi ses «Deukische» pour «Deutsch + Türkisch». L’histoire de cette forte présence turque en Allemagne remonte à l’Accord germano-turc du 30 octobre 1961 (en plein «Wirtschaftwunder», miracle économique allemand) pour la venue de travailleurs migrants. Ils furent 2 500 «travailleurs invités» à arriver par le train, lointains héritiers de la ligne «BBB» (Berlin-Byzanz-Bagdadbahn) dont la construction fut concédée à l’Allemagne par le gouvernement du sulltan Abdülhamid, en 1903. Entre 1961 et 1973, 2,65 millions Turcs auront fait le voyage d’Allemagne, et si la crise pétrolière de 1973 arrête le mouvement, le petit million de Turcs établis en Allemagne est autorisé au regroupement familial. Ils seraient aujourd’hui 1,6 million de Turcs et 3 millions d’Allemands d’origine turque. Le Code de la nationalité allemande était modifié selon le principe du droit du sol depuis le 1er janvier 2000. Lors du Congrès FIFA de juin 2009, à Nassau, une proposition de la Fédération algérienne a été adoptée (par 112 pays contre 82), modifiant l’article 18 des Statuts et autorisant les joueurs binationaux à pouvoir changer une fois d’équipe nationale, sans restriction d’âge, tant qu’ils n’auront pas joué en sélection nationale A. Nés en Allemagne de parents turcs, Serdar Tasci et Mesut Özil ont acquis la nationalité allemande après cette modification du Code de la nationalité allemande et ont commencé à jouer en U19 en 2006. Mehmet Yüksel Scholl (né en 1970, 36 sélections avec l’Allemagne, entre 1995 et 2002), joueur emblématique du Bayern de Munich (469 matches), fut longtemps une exception, aucun joueur allemand d’origine turque n’étant, par exemple, aligné en demi-finale de l’Euro 2008 contre la Turquie. En demi-finale de l’Euro 2016, trois Germano-Turcs étaient alignés contre la France (Mesut Özil, Emre Can, Shkodran Mustafi). Mieux, au Mondial U17 de 2011, disputé au Mexique, et où l’Allemagne avait terminé troisième, 19 des 24 buts allemands (en 7 matches, ce qui contraste fortement avec l’impuissance de l’attaque allemande à l’Euro 2016) avaient été marqués par des joueurs Germano-Turcs qui étaient au nombre de 9 dans la liste des 24 joueurs, dont un (Emre Can) participa à l’Euro 2016. Entre 1934 et 1998, la Mannschaft ne compta qu’un seul joueur d’origine étrangère, Maurizio Gaudino, descendant d’immigrés italiens, qui participa à la Coupe du Monde 1994. Depuis, derrière le «contingent turc», d’autres «Multikulti», surtout polonais et ghanéens, ont joué pour l’Allemagne. Sur la base de l’article 116 de la Loi Fondamentale, les «Aussiedler» issus d’Europe de l’Est, et qui avaient été allemands sur le territoire du Reich au 31 décembre 1937, bénéficiaient d’une préférence nationale. Avant 1950, 9 millions d’exilés revinrent en Allemagne. Entre 1950 et l’an 2000, on estime à 4 millions le nombre des Aussiedler. Pour la seule année 1988, 140.000 arrivèrent de Pologne. Miroslav Klose (né en 1978 en Pologne, arrive en Allemagne en 1987 : meilleur buteur de toutes les Coupes du Monde), Tim Borowski (né en 1980, dans la RDA), Piotr Trochowski (né en 1984 en Pologne, arrive en Allemagne en 1989), Lukas Podolski (né en 1985 en Pologne, arrive en Allemagne en 1987) sont les internationaux allemands d’origine polonaise les plus connus. En 1884, l’Allemagne prend possession du Togoland, en Afrique. Après la guerre de 14-18, le pays sera partagé entre la France et la Grande-Bretagne. Par le plébiscite de 1956, le Togo britannique rejoint le Ghana. Est originaire de la minorité germanophone la lignée de joueurs allemands d’origine ghanéenne : Gerald Asamoah (né au Ghana, émigre en Allemagne en 1990, participe au Mondial 2002), David Odonkor (de père Ghanéen, participe au Mondial 2006), Jérôme Boateng (né en Allemagne de père Ghanéen : son frère choisit de jouer pour le Ghana et sera l’auteur de la grave blessure privant Michael Ballack de la Coupe du Monde 2006), Aux Jeux Olympiques de Berlin, en 1936, Hitler a sans doute refusé de serrer la main du quadruple champion olympique noir, mais Jesse Owens n’avait pas non plus été reçu par le président américain Roosevelt avant de partir pour l’Allemagne. Et c’est finalement dans l’Allemagne gouvernée par les Nazis que les 18 athlètes noirs de la délégation américaine seront traités humainement, l’Apartheid de la société américaine (c’est en 1956 que la Cour Suprême déclare inconstitutionnelles les lois ségrégationnistes) ayant également cours dans leur délégation olympique. Antonio Rüdiger (d’origine Sierra-Léonaise) Leroy Sané (d’origine sénégalaise), Jonathan Tah (d’origine ivoirienne) : ces internationaux allemands d’origine africaine illustrent une époque bien loin de cette lettre de la Feldkommandatur, du 9 août 1940, contre le Maire d’origine martiniquaise Raphaël Élizé, premier Maire noir élu en France, de Sablé-sur-Sarthe, depuis le 19 mai 1929 : «Incompréhensible pour le ressentiment allemand et pour le sens du droit allemand qu’un homme de couleur puisse revêtir la charge de maire (...) insupportable pour l’armée allemande de reconnaître comme maire en territoire occupé un homme de couleur, ni de discuter avec lui».