Septième art - « Imanitrala », le récit d’une légende incomprise


Un court-métrage inédit qui se destine à valoriser le cinéma malgache sur la scène internationale, « Imanitrala » réalisé par Andry Ranarison s’est enfin découvert dans son intégralité à l’Institut français de Madagascar (IFM) Analakely. Au sein de la communauté des cinéastes malgaches, notamment ceux qui se distinguent surtout comme faisant partie de l’écurie « Rencontres du film-court » (RFC), cet incontournable festival en ode au courtmétrage, nombreux sont les cinéastes talentueux. Majoritairement, ils se démarquent continuellement par un style bien à eux, représentant pour beaucoup un cinéma avec un style abstrait, presque élitiste sur les bords. Un cinéma qui ne se destine pas souvent à la masse populaire donc, mais qui privilégie surtout le marché international, là où il serait apprécié à sa juste valeur et où la vision de ces réalisateurs serait plus accessible à tous. Ceci-dit, de cette génération de cinéastes issus des RFC s’illustre aussi un talent indéniable et une passion intarissable pour le septième art dans toute sa splendeur. Co-produit par Rozi Films et I See Prod Mada, « Imanitrala » réalisé par Andry Ranarison illustre parfaitement tout ce que l’on vient de citer. Présenté en avant-première à l’Institut français de Madagascar (IFM) dans la soirée du mardi, il s’agit d’un court-métrage de près d’une trentaine de minutes, porté par une réalisation soignée et une photographie sublime de la part du prodige Kevin Deris, mais un scénario toujours aussi plat. Trop long et trop lent pour ce que ça raconte, «Imanitrala» brille surtout par le dépaysement qu’il propose au public à travers une mise en scène bien cadrée et valorisée sur chaque plan. Quelques minutes en plus pour mieux travailler chaque personnage, ainsi que les réelles motivations du protagoniste principal n’auraient pas été de refus. « Poétique, fantastique ou horrifique ? » « Imanitrala », c’est donc l’histoire d’un militaire, égaré semble-t-il dans un coin reculé de la capitale dans les années 7 0. Le synopsis évoque « Deux hommes contemplent le soleil crépusculaire. Le premier, un militaire, la quarantaine, le deuxième, un vieil homme assis sur une chaise, le dos courbé, s’appuyant sur une canne. Ce dernier apprend au militaire qu'une étrange femme sur la colline d'en face pratique un petit rituel toutes les nuits. Elle y danse devant un feu de joie, de quoi susciter la curiosité du militaire, qui sans qu’on ne comprenne vraiment trop pourquoi se retrouve alors en quête de cette femme mystérieuse ». De là, le scénario s’enchaîne avec une certaine frénésie, sans que l’on n’en sache plus sur chacun des protagonistes alors que le décor et l’ambiance du film sont bien posés. Le spectateur lambda lui se perd à comprendre s’il s’agit d’une œuvre à genre fantastique ou horrifique avec un zeste de poésie. Le réalisateur ayant avoué par la suite s’être vaguement inspiré de l’œuvre du poète J. J. Rabearivelo, « Imaitsoanala». Acteur de théâtre, Mija Rasolo soulève d’ailleurs un point pertinent après le visionnage du film « Pourquoi est-ce si lugubre ? Si sombre ? Pourquoi ne pas avoir abordé autrement le récit de manière à mieux éblouir le spectateur ? Tout en valorisant les couleurs de la Grande île ». Ce à quoi le réalisateur Andry Ranarison rétorque sèchement avec un « Rassurez-vous la prochaine fois je ferais un film avec des Bisounours et un arc en ciel pour vous satisfaire ». Évidemment, dans la majorité, tous ceux qui ont été présents durant la projection du film à l’IFM Analakely saluent unanimement le travail colossal entrepris par l’équipe de « Imanitrala ». Cependant, même si le film a le mérite d’être bon sur le plan technique, le scénario mérite encore d’être plus approfondi.
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