Covid-19 - Le Vatican demande l’annulation des dettes des pays africains


L’église catholique soutient une campagne d’annulation de la dette des pays africains. Une mesure qu’elle estime urgente et nécessaire en ces temps de crise sanitaire. Une question de justice. C’est la ligne sur laquelle l’égli­se catholique, par le biais du dicastère pour le service du développement humain intégral et la commission vaticane Covid-19, soutient une campagne pour l’annulation de la dette des pays africains. Cette initiative a été lancée durant un webinaire organisé, le 7 avril. Outre les entités vaticanes, des organisations comme Caritas Afrique, le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), la Conférence des jésuites d’Afrique et de Madagascar (JCAM), ainsi que l’Association des femmes consacrées d’Afrique de l’Est et du centre (ACWECA), ont pris part à cette réunion à distance, rapporte le site d’information Vatican News. L’initiative lancée, le 7 avril, concernera d’abord les pays africains. Ceci en réponse aux actions des églises locales qui auraient donné forme aux demandes de la société civile africaine. L’universalité de l’action pour l’annulation des dettes « partout où elle est nécessaires », est, néanmoins, l’objectif. « Cette campagne, est encore plus urgente à cause de la Covid-19 », indique sœur Alessandra Smerilli, sous secrétaire du dicastère pour le service du développement humain intégral. La religieuse explique que l’implication des entités vaticanes dans ce plaidoyer a pour objectif « de l’aider à acquérir une visibilité internationale dans l’espoir qu’un large mouvement se crée (…) pour qu’elle soit portée à l’attention du G7 et du G20, c’est-à-dire ceux qui peuvent influer sur la question de manière directe et concrète ». Selon Vatican News, le père Augusto Zampini, secrétaire adjoint du dicastère, explique que la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber d’autres déjà existantes. Pas de chèque en blanc « Nous ne pouvons donc pas sortir de cette crise, qui est à la fois sanitaire, économique, sociale, politique et culturelle, sans alléger le poids de la dette. Il s’agit d’une question de justice », défend le père Zampini. Sur cette question de justice, le secrétaire adjoint du dicastère du Saint siège, souligne, « nous ne pouvons pas non plus oublier la dette écologique des Grands, qui sont les premiers responsables du changement climatique dont le fardeau incombe toutefois, en grande partie, aux nations les plus pauvres, comme ceux d’Afrique ». Par le biais de Andry Rajoelina, président de la République, Madagascar a déjà plaidé en faveur de cet effacement de la dette des pays pauvres afin de soutenir le relèvement post-Covid. Dans son intervention durant une réunion de haut niveau, en marge du sommet des Nations Unies, l’année dernière, le président Rajoelina a appelé « à la solidarité internationale, pour l’effacement de la dette en faveur des pays les plus vulnérables et les plus durement touchés par les effets de la pandémie ». Le chef de l’État a, par ailleurs, mis l’accent sur le fait que « de nombreux pays se trouvent en situation de cessation de paiement ». L’Union africaine (UE), aussi, a déjà appelé à l’effacement de la dette, pour favoriser le redressement après la crise sanitaire. Dans une certaine mesure ces multiples appels ont, visiblement, été entendus. La semaine dernière, l’Union européenne (UE), par le biais d’un système de rachat des dettes des pays vulnérables, a décaissé 172 millions d’euro, en contribution au fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes, du Fonds monétaire international (FMI). Madagascar fait partie de ce système d’allégement de la dette mis en œuvre par l’UE et le FMI. Cette démarche est, toutefois, loin d’être suffisante étant donné l’ampleur des dégâts socioéconomiques causés par la crise. Qu’il s’agisse d’allégement, ou d’effacement, le but est de libérer les ressources des pays vulnérables afin qu’ils puissent accroître les dépenses à fort impact social et économique. Dans ce sens, il a été souligné durant le webinaire du 7 avril, qu’il n’y aura pas de chèque en blanc. Le cardinal Turkson, préfet du dicastère vaticane, parle « de plaidoyer et de pression dans deux directions ». Outre les actions vis-à-vis des créanciers des pays en développement, le prélat évoque, aussi, le fait « de développer un système de vérification et de contrôles afin que les ressources libérées au profit du continent [Africain] aillent là où elles sont réellement nécessaires pour croître et améliorer les conditions des peuples et des personnes ».
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