Conjoncture - Croissance certes mais non inclusive


La conjoncture macroéconomique n’enlève en rien le paradoxe d’une crois­sance soutenue qui ne concerne pas la majorité de la population. Faire en sorte que la croissance profite à toute la population. Voilà le principal défi auquel doit s’atteler le gouvernement, lance la représentante résidente de la Banque mondiale Coralie Gevers en avant-propos de l’édition du printemps 2019 de la « Note sur la conjoncture économique de Madagascar » de l’institution de Bretton Woods. La santé de la croissance de l’économie contraste toujours avec les réalités du pays. La note informe en effet que pour la cinquième année consécutive, le taux de croissance économique a été supérieur au taux de croissance démographique estimé à 2.7% avec 5.2% en 2018. Par ailleurs, les perspectives de croissance économique à moyen terme sont positives. « La combinaison de conditions macroéconomiques favorables, telles qu’une inflation plus faible, un déficit budgétaire maîtrisé et un niveau adéquat de réserves internationales, a contribué à maintenir une croissance soutenue ». Par contre, le taux de pauvreté reste élevé avec 75% de la population vivant avec moins de 1.90 dollar par jour, a fait remarquer l’économiste principale et auteure de la note Natasha Sharma. « Le défi est de rendre cette croissance plus inclusive », a-t-elle asséné en marge de la présentation durant laquelle elle a souligné la nécessité de l’Etat de privilégier les investissements publics dans les secteurs sociaux et productifs par rapport aux subventions non ciblées notamment celles adressées au secteur pétrolier et de l’énergie. Baisse du taux de pauvreté Sur le court terme, la note estime qu’il est peu probable que la prévision de croissance positive inclue les plus pauvres dans la mesure où les secteurs porteurs de croissance ne concernent pas les plus pauvres qui vivent dans les zones rurales. C’est dans ce sens que Coralie Gervers soutient l’accroissement de l’accès à une énergie fiable, durable et abordable. «Si, à moyen et long terme, des obstacles structurels peuvent être levés dans l’économie, tels que la fourniture d’électricité à des prix abordables, l’accès au crédit et aux infrastructures, une plus grande connectivité des agriculteurs aux marchés, des opportunités pourraient être offertes à la population pauvre, pour s’engager de manière plus significative dans la trajectoire de croissance», souligne la note. En se basant sur les prévisions de croissance actuelles, la Banque mondiale prévoit une baisse du taux de la pauvreté à 71% d’ici 2021. L’inclusion constitue un défi pour une grande majorité de pays africains subsahariens caractérisés par une économie peu diversifiée comme Madagascar. Pour un membre du cercle de réflexion des économistes de Madagascar, l’industrialisation est la porte vers une croissance durable et inclusive du pays sur le long terme.  
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