Conjoncture - Des officiers retraités se manifestent


Dix-huit généraux et colonels retraités ont tenu une conférence de presse, hier. Ils affirment craindre que la situation actuelle puisse mener à des troubles.Intriguant. La sortie médiatique de généraux et colonels retraités au restaurant La Rotonde, Besarety, a surpris. Surtout que le thème abordé par les dix-huit hauts gradés à la retraite concerne la conjoncture politique du moment. Ils affirment, notamment, que l'évolution de la situation risquerait de mener le pays vers « un conflit profond ». Ils affirment qu'en cette année électorale, « la majorité vivrait dans la crainte ». Que « la corruption, l'excès de pouvoir et le non respect de la loi affaiblissent l'autorité de l'État ». Ces officiers retraités s'interrogent ainsi, sur « la crédibilité et la quiétude des élections à venir », rappelant l'exemple des conditions d'adoption des projets de lois électorales par l'Assemblée nationale. De ces faits, ils appellent les responsables « à tous les niveaux, à tout faire pour éviter que le pays retourne dans la crise ». Un appel qui, à entendre la déclaration lue par le général retraité René Daniel Rakotondramanana, serait dû à l'absence « de dialogue et d'écoute dans la conduite des affaires nationales ». Aux forces de l'ordre, les retraités leur demandent de rester à leur vocation première qui est la défense de la population et de ses biens. « Ne soyez pas des obstacles à une société démocratique et un État de droit », affirment-ils. Obligation et devoir À l'endroit des politiciens, ceux qui se sont présentés à la Rotonde demandent de « prioriser l'intérêt supérieur de l'État, l'apaisement et respecter la Constitution et les droits fondamentaux des citoyens ». À entendre la déclaration d'hier, les dix-huit officiers retraités semblent mettre l'accent de l'appel à l'endroit de leurs cadets aux sein des forces armées. Un message qui consiste à « prévenir les mauvaises choses afin de ne pas être considérés comme des forces de répression ». Ceux qui ont convié la presse, hier, à Besarety, ont expliqué leur réveil par une prise de conscience que la nation aurait besoin d'eux. Certes, la conjoncture est compliquée, seulement, la composition des rangs des retraités amène à penser une certaine subjectivité dans l'appel lancer, hier. La plupart ont déjà joué des rôles majeurs dans des faits malheureux de l'histoire du pays, comme lors de la crise de 2002 et de 2009. D'autres sont plus connus pour leurs faits d'armes politiques, relativement discutables, que militaires. « L'éthique militaire impose l'obligation de réserve lorsqu'on est en activité et le devoir de réserve lorsqu'on est à la retraite », réplique le général Béni Xavier Rasolofonirina, ministre de la Défense nationale, contacté, hier. Le membre du gouvernement rap­pel­le que lors de la présentation de vœux des Forces armées, à Soanierana, en janvier. La ligne édictée était de préserver la sécurité avant, pendant et après les élections. L'officier général avait soutenu que les Forces armées « n'accepteront plus que le pays traverse une nouvelle crise et que le pays ne mérite plus d'être dirigé par un pouvoir qui n'est pas issu d'une élection ». Durant l'entretien téléphonique d'hier, le ministre de la Défense nationale regrette la rhétorique de ses aînés. « Un discours appelant la population à aller massivement aux urnes et à accepter les résultats du vote aurait été plus approprié s'il fallait sortir de la réserve », ajoute-t-il. Le général Lantoarinjaka Razafindrakoto, chef d'État major général (CEMGAM), concède que ce genre de déclaration n'est pas fait au hasard. « Il y a toujours des objectifs au-delà de ces messages. On ne sait pas si la déclaration a des visées politiques », indique-t-il. La sortie médiatique d'hier, pourrait accentuer le contexte politique tendu du processus électoral. La bonne foi des acteurs et la parcimonie des responsables dans les actions et réactions s'avèrent nécessaires pour apaiser la situation et assurer une quiétude électorale. Garry Fabrice Ranaivoson
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