MARCHÉ INTERBANCAIRE DE DEVISES - La dépréciation de l’ariary face à l’euro inévitable


La dépréciation de l’ariary a des effets directs sur les prix des produits importés et ensuite sur les produits locaux qui dépendent notamment des matières importées. Un tour dans les supermarchés permet en effet de constater qu’une brique de lait de 1l importé frôle les 8000 ariary contre 5600 ariary il y a à peine deux mois. Les produits européens notamment coûtent plus chers que d’«habitude » puisqu’ils s’échangent en euro. Un euro a coûté 4900,59 ariary hier sur le Marché interbancaire de devises (MID). Il s’était stabilisé à une moyenne de 4803,00 ariary ces derniers jours pour grimper alors à cette valeur de 4900, 59 ariary dans la journée d’hier mercredi. L’explication première apportée est la forte demande des Malgaches durant les fêtes de fin d’année. « L’ariary a commencé à se déprécier depuis le 3 novembre 2022, et surtout par rapport à l’euro. À cette date, la valeur moyenne journalière d’un euro était de 4173,76 ariary et elle est aujourd’hui à plus de 4900 ariary. La forte consommation des ménages sur les produits importés lors des deux fêtes de fin d’année, Noël et le réveillon du nouvel an, a entraîné une augmentation de l’importation, et elle continue au début de l’année car les stocks sont en rupture » détaille Jean Pierre Ravelonjanahary, économiste, spécialiste en monnaies, banques et finances. La réserve en devises se restreint car plus le pays importe, plus il paie en devises, et donc plus l’euro gagne en vitalité. Litchi Cette dépréciation de l’ariary influe le taux d’inflation. « En novembre 2022, le taux d’inflation, c’est-à-dire, le glissement du nouvel indice de prix à la consommation de base 100, a été de 10.8%. Le pays fait face à une inflation causée par l’augmentation de la demande. A mon avis, il faudrait prendre quelques mesures pour réduire ce taux » avance-t-il. La recette des exportations du litchi de ces deux derniers mois devrait être rapatriée avant le mois de mars de cette année, en vertu de l'article 2 de l'arrêté N°8211/2014, trois mois à compter de la date d’embarquement des produits. 70% des devises rapatriées entreraient au MID avant le mois d’avril 2023, en vertu de l'article de l'arrêté N°13371/2016. Les impacts de l’exportation de litchis de l’année dernière ne sont pas ressenis en ce début d’année. « Il faut également savoir que même avec ces rapatriements de devises sur le MID, les prix sur le marché ne diminuent pas proportionnellement à l’appréciation de l’ariary. Les opérateurs économiques croient qu’au moment de la vente totale des marchandises, l’ariary serait encore en dépréciation lors des échanges des recettes contre les devises sur le MID. L’appréciation de la monnaie dans le flottement ne diminue pas les prix des biens et services sur le marché » explique encore l’économiste. Mais cette situation de dépréciation ne devrait qu’inciter les exportateurs à exporter plus et les importateurs à importer moins. La population est également incitée à consommer local, ce qui entraînera une production locale en hausse et un rééquilibrage de la balance commerciale. L’augmentation des prix à l’export ravive les producteurs de rente. Quoique, ces hypothèses sont rejetées par l’économiste, qui voit qu’une économie dépendante comme la nôtre ne peut du jour au lendemain s’efforcer de s’auto-entretenir. En réalité, la dépréciation de l'ariary n'est pas bénéfique ni pour les producteurs locaux ni pour les exportateurs, puisqu'elle entraîne directement une augmentation des prix des produits importés et locaux et donc aussi une diminution de la valeur réelle de l'ariary acheté par les recettes en devises, même si la valeur nominale de recette d'exportation augmente.  
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