Détournement de deniers publics - Razaimamonjy écope de dix ans de travaux forcés


Le procès de l’affaire Ambohimahamasina s’est tenu, hier, à la Cour criminelle du PAC. Cinq personnes dont Claudine Razaimamonjy ont écopé de lourdes condamnations. Le corollaire. L’affaire de détournement de subvention exceptionnelle dans la commune rurale d’Ambohimahamasina, sise dans le district d’Ambalavao, région Haute Matsiatra, a connu son dénouement, hier. Le dossier a été jugé à la Cour criminelle ordinaire (CCO), du Pôle anti-corruption (PAC). Il n’a fallu que trois heures d’audience, et près d’une heure de délibération pour que le juge prononce la décision qui met fin à la saga Ambohimahamasina, sauf pourvoi en cassation par les personnes concernées. Claudine Razaimamonjy, femme d’affaires, qui figure en tête d’affiche, écope de dix ans de travaux forcés. Elle est reconnue coupable de « complicité, d’abus de fonction et de complicité de détournement de deniers publics ». Quatre autres personnes étaient sur le banc des accusés. Ayant également pris dix ans de travaux forcés, Houssen Abdullah, ancien directeur des concours financiers de l’État auprès du ministère de l’Intérieur, est considéré comme l’un des deux auteurs principaux dans l’affaire. Absent du procès, un mandat d’arrêt à l’audience est lancé contre lui. L’autre auteur principal, selon le dossier, est Pierre Tsabo, ancien maire d’Ambohimahamasina. La Cour a prononcé une peine de six ans de travaux forcés contre l’ancien élu. Une quatrième personne dénommée Michel Hasi­mamiratra, absente hier, est, également, condamnée à la même peine et fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Le dernier accusé reconnu coupable est Saho­liniaina Raharimanantsoa. Témoin À titre de complice, la sentence contre dame Raharimanantsoa est de huit ans de travaux forcés. À entendre ce qui a été dit durant les plaidoiries, cette dernière serait la dépositaire de la société bénéficiaire du marché public consistant à construire le nouveau local de la commune rurale d’Ambohimahamasina. Un point sur lequel l’avocate de Claudine Razaimonjy a insisté pour défendre sa cliente. Selon son avocate, Claudine Razaimamonjy n’aurait juste été que la garante de Saholiniaina Raharimanantsoa auprès des fournisseurs de matériaux, sans plus. Dans sa prise de parole, cependant, l’avocat général a relevé que « dans tous les dossiers vous concernant [Claudine Razaimamonjy] traité au Pôle anti-corruption, les fonds finissent dans votre compte bancaire. Serait-ce une coïncidence ? ». Prévu à 9 heures, le procès d’hier a été repoussé à midi, puisque Saholiniaina Raharimanantsoa n’avait pas d’avocat. Commis d’office donc, l’avocat de cette dernière a soutenu devant la Cour, « il n’y a aucune raison pour condamner ma cliente, étant donné qu’elle ne sait rien du tout sur cette affaire ». La saga Ambohimahamasina a débuté avec la publication d’une « note de vérification », rédigée par des inspecteurs généraux d’État (IGE), durant l’année 2015. Elle fait état d’un détournement de plus de 396 millions d’ariary. Cette révélation en a appelé d’autres concernant des subventions exceptionnelles destinées à plusieurs communes. Le dossier Ambohimahamasina, entre autres, a amené à l’arrestation de Claudine Razaima­monjy, par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), en avril 2017. Daniel Randrianarivony, l’un des IGE ayant effectué l’inspection à Ambohima­hamasina, a martelé que « rien n’a été fait dans cette commune ». En marge du procès, il a réitéré que l’argent versé sur le compte de la commune le 20 octobre 2014, avait tout de suite été transféré sur celui de la société bénéficiaire du marché alors que rien n’a été fait. Comme l’a soulevé l’avocat général, les résultats de l’enquête ont édifié que la destination finale des fonds serait le compte bancaire de Claudine Razaimamonjy. Parmi les personnalités éclaboussées dans cette affaire, Solonandrasana Olivier Mahafaly, ancien Premier ministre, a été cité comme témoin durant l’audience d’hier, son cas étant du ressort de la Haute cour de Justice (HCJ). Alors ministre de l’Intérieur à l’époque des faits, il ne s’est pas présenté devant la barre. Son témoignage « écrit », aurait été versé au dossier. La procédure engagée contre l’ancien Premier ministre à la HCJ, par ailleurs, a été déclaré « irrecevable », par l’Assemblée nationale, en décembre 2018. Pour Claudine Razaimamonjy, il s’agit de sa seconde condamnation prononcée par la CCO du PAC. À l’issue d’un premier procès, en août, elle a déjà écopé de sept ans de travaux forcés. Elle n’en a pas fini pour autant avec les procès. Il y a encore deux dossiers l’impliquant dans les casiers du PAC.
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