Exportation - Le prix du kilo de vanille en chute libre


La disposition n’a pas fait l’unanimité. Et aujourd’hui, les impacts de la fixation du prix minimum de la vanille se font ressentir sur le marché. Consternation. Pour la plupart, les producteurs de vanille sur tout le territoire se résignent à vendre à perte pour sauver les meubles. « Depuis l’ouverture de la campagne de cette année, c’est à peine si notre récolte trouve preneur. Et si par chance, on a un acheteur, le prix qu’il propose est dérisoire, bien loin de nos attentes en début de campagne et bien en deçà des prix minima fixés par les autorités » déplore Sely Bemana, ancien maire de la commune rurale d’Ambinany dans la région Sava et membre d’une petite coopérative de producteur local. Et ce même producteur d’ajouter: « Si le kilo de vanille se vendait à plus d’un million trois cent mille ariary en 2018, l’année dernière, ce chiffre a été réduit de moitié pour stagner autour de sept cent mille à huit cent mille ariary. Cette année, la courbe descendante se reconfirme car la plupart des collecteurs n’osent franchir la barre des deux cent mille ariary pour acheter le kilo ». Ce producteur n’est pas un cas isolé. Les témoignages fusent ces derniers temps sur la descente effrénée du cours de la vanille malgré les stratégies déjà déployées par l’État pour la stabilisation de la filière. « Il faut environ cinq à six kilos de vanille verte pour obtenir un kilo de vanille préparée. Considérant que le prix du kilo de la vanille verte en début de campagne oscille entre cinquante et soixante-dix mille ariary, imaginez notre situation avec un prix aussi bas par rapport à l’investissement financier, en temps et en travail en amont alors que les collecteurs proposent à peine deux-cent-mille ariary pour le kilo de la vanille préparée », fait observer un autre producteur provenant de Mananara. Cruciale Un élu local dans le Nord de l’île de déclarer que la vanille ne trouve pas preneur alors que la campagne a débuté au mois de juillet. Les importateurs estiment que le prix fixé à l’exportation est trop cher. Et puisqu’il n’y a pas d’acheteur, il n’y a pas concurrence. La situation semble pour le moment, sans issue. Pourtant annoncé en début de campagne, le prix minimum de la vanille préparée, stabilisé sur le marché local au titre de la campagne 2020-2021, est de six cent-cinquante-mille ariary tandis que le prix « Free On Board » (FOB) à l’exportation a été fixé à deux cent cinquante dollars après une décision conjointe du ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (MICA) et le ministère de l’Économie et des finances (MEF), dans la circulaire en date du 15 juillet. La campagne 2020 s’annonce ainsi cruciale pour l’avenir de la vanille malgache. Les dispositifs mis en place pour revaloriser l’or vert seront soumis à de sérieux tests. En outre, c’est le Conseil national de la vanille, CNV, récemment mis en place qui a décidé de la fixation des prix minima à l’exportation alors que pour la campagne 2019-2020, clôturée au mois de mai, il a été imposé que la vanille s’achetait à neuf cent mille ariary auprès des planteurs et que le prix plancher à l’export était de 350 dollars le kilo. Ainsi, les deux cent cinquante dollars ne semblent pas faire l’unanimité à tous les niveaux de la chaîne de valeur.
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