Gros bras, petite tête


Angoissant. Les attitudes des apprentis présidents de ces derniers jours ont de quoi inquiéter. En particulier le coup de force perpétré au siège de l’Aviation civile de Madagascar par les partisans des candidats Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina vendredi appuyés par l’Emmoreg et des gros bras. Leur mission était de contraindre le directeur général de l’ACM à délivrer sans la moindre formalité, l’autorisation de vol pour huit hélicoptères affrétés par la société Sky Services en Afrique du Sud. Une attitude déplorable mais pas étonnante vu qu’elle rappelle les méthodes des dirigeants de la Transition. On sait que le domaine de la sécurité de l’aviation civile est très sensible et délicat et qu’il obéit à des règles et des règlementation strictes et non négociables. Tout manquement au respect des règles peut coûter très cher, pouvant aller jusqu’à l’exclusion de l’Organisation de l’aviation civile internationale à travers le PGS , problème grave de sécurité. Ce n’est pas parce qu’on est en pleine campagne électorale qu’on doit déroger aux règles. Ce n’est pas parce qu’on est un pays indépendant et souverain qu’on peut se permettre de s’assoir sur les conventions internationales que Madagascar a signées ou sur les statuts et règles des organismes internationaux auxquels Madagascar a demandé l’adhésion. Ce n’est pas parce qu’on a nommé le Premier ministre qu’on a tous les droits. Mais quand on est capable d’un coup d’Etat, d’humilier un officier général par un caporal, qu’est-ce que c’est que de faire plier un directeur général ? On a eu un aperçu du futur mode de gouvernance si jamais l’élection reconduit un candidat de seconde main à la présidence. C’est d’autant plus déplorable que le Premier ministre Christian Ntsay s’est plié volontiers au jeu en signant une réquisition argumentant qu’un hélicoptère qui a déjà volé ailleurs ne devrait avoir aucun problème pour voler dans l’espace aérien malgache. Un raisonnement qui fait hérisser les poils. Un fonctionnaire international de son état devrait savoir en plus que les conventions internationales sont supérieures aux lois nationales. Le message lancé dans cette affaire est que quand on a un Premier ministre, il est inutile de respecter la loi et les règles, les exigences techniques. Il suffit de l’appeler pour qu’il sorte une réquisition et le tour est joué. Pire, si on fait de la résistance au nom du respect de la loi, une intervention manu militari est immédiatement enclenchée. Or, finalement après que l’ACM n’a pas cédé, l’affréteur a fini par remettre tous les dossiers et réaliser que les exigences n’avaient rien de politique. Pourquoi profiter de la campagne électorale pour refuser de s’y soumettre ? C’est comme si on exige à un motard de porter un casque. Ce n’est ni l’intérêt du policier ni celui du législateur, même s’il est HVM.
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