Quand le fisc s’offusque


Grogne du côté des administrés de la commune rurale de Soavina Atsimondrano. À cause « des prélèvements à la source » soutirés là où ils ne s’attendaient guère .Jugés trop onéreux sur leur montant et déplacés sur les motifs. Par des assujettis qui n’en reviennent pas. Pour comprendre cet imbroglio, inédit pour ne pas être souligné, il est utile de recomposer les pièces manquantes du puzzle. Selon des explications recueillies sur place, il a été acquis, sur la base du volontariat, que les arriérés de paiement des diverses contributions financières de chaque ménage au bénéfice de la commune devaient être soustraits au détriment du « Tosika Fameno » de 100 000 ariary. Mais quand « le jour de gloire » est arrivé, beaucoup ont été surpris par l’ampleur des amputations à faire sur les 100 000 ariary. Une mère de famille s’insurge: « Il ne me reste plus que 5000 ariary alors que le président de la République Andry Rajoelina a indiqué que cette aide financière devait être affectée aux dépenses du quotidien » rappelle-t-elle. Pour combler le gap budgétaire des foyers à faible revenu, aux portefeuilles décimés par les effets induits de la crise sanitaire. Au milieu d’une cohue indescriptible où des voix de la colère ont commencé à se faire entendre, le maire Rigobert Rakotoarisoa tente, tant bien que mal, de tempérer la fougue de la révolte naissante. En essayant de convaincre les frustrés que la participation pécuniaire de chacun des contribuables permet à sa mairie de s’acquitter de ses rôles et attributions. Et d’accomplir ses missions essentielles. Comme le maintien en état de marche de l’éclairage public, par exemple, une disposition dissuasive pour la lutte contre les actes criminels, de plus en plus fréquents en ce moment. Cette réticence des habitants de Soavina Atsimondrano n’est pas isolée. Loin sen faut. Ramenée à l’échelle nationale cette incompréhension mutuelle et réciproque se traduit par le faible taux de pression fiscale du pays. Dans les meilleurs des cas, 14% du Produit intérieur brut, PIB. Une performance parmi les plus dérisoires en Afrique. Même des pays ruinés par des années de guerre civile ont pu réaliser un taux de pression fiscale au-delà des 20% de leur PIB. Comment expliquer cette méfiance à fleur de peau envers l’Administration fiscale au sens large. Parce que pour une grande majorité de Malgaches soumis aux diverses impositions, les payer reviendrait à entretenir le train de vie, souvent à un rythme effréné, des dirigeants. Alors qu’en retour, ils n’obtiennent aucune satisfaction auprès des services communautaires élémentaires de base. Ne serait-ce que le mauvais état des rues des villes et des routes nationales, la désorganisation des transports publics laissés au bon vouloir des opérateurs du secteur privé, les « traitements de faveur » dans certains hôpitaux, l’insécurité des biens et personnes… S’y ajoutent les fraudes en écritures, les fausses déclarations, les évasions fiscales en tous genres, et vous comprendrez que la Grande île serait, peut-être, un paradis fiscal qui s’ignore. Des « atouts » pour attirer les capitaux frais investis ailleurs.
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