Remaniement - Un grand coup de balai ?


À en juger l’irritation du président de la République lors de son intervention télévisée, on aura affaire à une refonte du gouvernement. Rajoelina a intérêt à rectifier le tir pour mener à terme son mandat. Imminent. Une refonte du gouvernement est incon­tournable à en juger la déclaration du président de la République lors de son intervention télévisée dimanche. Mieux, plus qu’une retouche ou un remplacement de deux ou trois membres, c’est une véritable recomposition de l’équi­pe du Premier ministre Christian Ntsay qui est dans l’air. « Le gouvernement ressemble à une équipe de football. L’entraîneur remplace les joueurs qui sont défaillants ou qui ne sont pas à leur place. Je dois dire que certains mem­bres du gouvernement n’assument pas la tâche qui leur a été confiée, ont du mal à concrétiser le velirano. En revanche d’autres répondent bien à l’attente placée en eux », a déclaré le président de la République. La situation est telle que le chef de l’État doit couper les branches mortes pour donner un second souffle à son administration à mimandat. À deux ans de la fin de son mandat, il faut dire que le bilan est mi-figue, mi-raisin. Certes, beaucoup d’infrastructures ont été faites à l’image des écoles, des hôpitaux, des stades, des maisons de la culture, des patrimoines, des routes mais beaucoup de problèmes ont également secoué le pays. Le délestage, les problèmes d’eau, la Covid-19, l’insécurité, la hausse des prix…ont quelque peu masqué les efforts du gouvernement. Et là la réponse des ministres n’a pas été toujours appropriée ni immédiate. Pire, c’est souvent le président de la République qui est au four et au moulin. Il fait le boulot des ministres, descend sur le terrain, résout les problèmes. À preuve, il a été omniprésent pendant l’épidémie de Covid-19, bravant les risques de contamination dans les hôpitaux et les CTC. Andry Rajoelina a fait plusieurs tournées dans le Sud pour venir en aide aux victimes du kere et apporter des solutions d’urgence et des solutions pérennes. Le président de la Répu­blique a ordonné à la Jirama d’abandonner le tarif Optima pour soulager la population tout en pointant du doigt la qualité de service de la compagnie. Dépasse l’entendement Andry Rajoelina a créé le State Procurement Mada­gascar pour amortir la hausse des prix en important de façon massive des produits de première nécessité. Le chef de l’État a lancé la réfection des routes nationales à l’instar de Moramanga-Ambatondrazaka, Ambi­lobe-Vohemar dont l’état dépasse l’entendement. Andry Rajoelina s’est plaint de la défaillance des ministres, des gouverneurs et des directeurs régionaux concernant le contrôle des prix dont la hausse est totalement injustifiée. Il s’est également plaint de l’inexécution des consignes qu’il a données à propos de la réhabilitation immédiate de la RN2. Les ministres de ces deux départements en l’occurrence celui de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat et celui de l’Aména­gement du territoire et des travaux publics sont dans de beaux draps. Comme le président l’a mentionné, il ne fait pas dans la complaisance quand il s’agit de défendre l’intérêt de la population. Le message est donc clair. Les routes sont dans un état indescriptible alors que le Fonds d’entretien routier dispose de 400 milliards d’ariary en caisse selon le Président. Le ministre de l’Économie et des finances figure également parmi ceux qui n’ont pas donné satisfaction. Son cas est aggravé par les rumeurs persistantes sur l’achat d’un petit avion. Quant au ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle et celui de la Popu­lation, ils se confondent dans la discrétion et l’inaction. On ignore tout de leurs activités. Le ministre de la Population est presque invisible dans une période où les citoyens sont en pleine détresse. De même, le ministre de l’Environnement semble brasser du vent. Les feux de brousse continuent de faire des ravages alors que les aires protégées sont constamment pillées. Le reboisement de six millions d’arbres lancé par le président semble au point mort deux ans après. Le ministre des Affaires étrangères n’a pas non plus fait grand chose excepté un communiqué corsé sur les îles éparses le jour du 14 juillet. Sinon la diplomatie n’a pas été le point fort de l’administration Rajoelina en deux ans et demi. Le cas du ministre de l’Éner­gie est unique puisqu’il est porté disparu depuis plusieurs mois. Il est absent au conseil des ministres et n’apparaît pas en public. Le ministre de l’Ensei­gnement supérieur avec des grèves à n’en plus finir dans les universités n’est pas non plus bien placé. Mais il y aura tout de même des bonnes notes comme l’a souligné le président . Quelques reconductions sont logiques comme le ministre de l’Éducation nationale, des Sports, de la Culture et communication, de la Défense, de l’Intérieur, le secrétaire d’État à la Genda­rmerie malgré son âge. En somme, Rajoelina doit disposer d’une équipe dynamique et compétente pour finir son mandat actuel et se projeter sur la présidentielle de 2023.
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