La MBS Expulsée - La CUA récupère le site d’Anosipatrana


La CUA fait part de la résiliation du bail emphytéotique avec le groupe MBS. Fondateur de l’entreprise médiatique, Marc Ravalomanana, ancien président, affirme son intention de ne pas se laisser faire. Pour usage personnel. Tel est le motif avancé par la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA), dans sa lettre faisant part de la résiliation du bail emphytéotique avec le groupe « Malagasy broadcasting system » (MBS), concernant le terrain d’Anosipatrana. Dans une lettre signée par Naina Andriantsitohaina, maire d’Antananarivo, datée du 30 juillet, la CUA donne six mois au groupe MBS pour libérer les lieux. Après quelques antécédents, ce nouvel épisode risque de mettre de l’huile sur le feu des relations houleuses entre les autorités municipales et le parti « Tiako i Madagasikara » (TIM), représenté par Marc Ravalomanana, son président national et fondateur. Le bail emphytéotique entre la CUA et la station radio et télévision MBS a été passé le 8 août 2000. A l’épo­que, Marc Ravalomanana était encore maire d’Antana­na­rivo, avant de briguer la présidence de la République. Démarrant au quart de tour, l’ancien chef d’Etat riposte avec véhémence et vise frontalement le premier magistrat de la capitale. « Je m’adresse directement à vous », lance-t-il d’un ton rageur. Dans une tirade enflammée et décousue, le fondateur de l’empire Tiko fustige la légalité de l’acte de la CUA et remet en cause « les connaissances » du maire en matière juridique. « Pourquoi ne pas le faire tout de suite, fermez-le pour voir, faites-le si vous l’osez », fulmine Marc Ravalo­manana. Prenant le sujet comme « une provocation », une manière de l’atteindre politiquement. Un vieux dossier L’ancien président de la République est, en effet, également, à la tête du front des opposants RMDM. C’est justement, durant un événement de cette plateforme d’opposition, à Bel’Air, que l’ancien chef d’Etat a brandi la lettre de la CUA, tout en vociférant. Bouillonnant de rage, il assène à Naina Andriantsitohaina, « faites attention, vous êtes novice en politique. Ne jouez pas les funambules dans un domaine que vous ne maîtrisez pas ». Le boss du TIM n’a visiblement pas l’intention de se laisser faire. Il a laissé entendre une volonté de porter l’affaire devant la justice. Et comme à son habitude, il brandit l’intention de faire part du sujet aux instances internationales. Happés par une réunion tardive, les collaborateurs du maire d’Anta­na­narivo n’ont pas pu réagir aux répliques de Marc Ravalomanana. Petit à petit, l’administration de la capitale s’emploie, vraisemblablement, à « pulvériser » les actes de la précédente équipe conduite par Lalao Ravalomanana, ancienne maire de la capitale. Des initiatives que la team Andriantsitohaina estime non conformes à la loi. C’est le cas des box commerciales qui jonchaient les trottoirs de Soarano et Behoririka. Cette fois-ci, c’est un vieux dossier qui est sorti des tiroirs. Le bail conclu en 2000 a, néanmoins, été mis à jour, le 11 mars 2016. Une close soulignerait que le seul motif de rupture est le non-paiement des frais de location. L’administration Andriantsi­tohaina semble, cependant, l’entendre d’une autre oreille. Au regard de la scène à Bel’Air, hier, comme tout autre sujet qui implique Marc Ravalomanana, l’affaire MBS risque de prendre une ampleur politique non négligeable. La station, du reste, est ouvertement d’opposition. Suivant sa ligne politique, le groupe MBS est très critique envers les actions étatiques. La conjoncture étant, la gestion de la crise sanitaire est l’une de ses cibles favorites. Pour certains, la frontière entre la décision de la CUA et une éventuelle idée de « museler l’opposition », est mince. Ce n’est cependant, pas la première fois que les autorités de la capitale remettent en cause le contrat sur le terrain d’Anosipatrana. Le bail emphytéotique contracté entre la CUA et MBS a été l’une des principales révélations faites par Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo, le 17 janvier 2009. Une manifestation qui a été le point de départ de sa « révolution orange », durant laquelle il a fait ses choux gras des malver­sations qu’auraient perpétrées Marc Ravalo­manana dans sa conduite des affaires publiques. L’actuel président de la République avait alors dénoncé que les frais de location pour cinquante ans de bail étaient dérisoires.
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