Au-delà de la F1


Il y a des choses que je ne saurais pas faire. Comme Jacques Villeneuve, ancien champion du monde de Formule 1, qui s’évertue à commenter avec enthousiasme un championnat du monde sans saveur. La domination des Mercedes W20 enlève le moindre bout d’incertitude au sport. Même la base des Mercedes championnes du monde 2019, adaptée aux monoplaces de l’écurie Racing Point, devançait encore le reste du plateau en qualifications du deuxième GP de suite, en une semaine, sur le circuit de Silverstone. La même course que le marketing a donc rebaptisée Grand Prix d’un 70ème anniversaire tiré par les cheveux. Alors, plutôt que de faire semblant d’espérer que le mulet Bottas puisse fermer la porte à son leader Hamilton, autant se demander si la Formule 1 peut mener à quelque chose si on en sort, déjà que les courses se déroulent à huis clos. Pour cause de Covid-19, plusieurs reports ou annulations ont affecté une saison qu’il a fallu cependant maintenir pour les centaines de millions de dollars en jeu. Cela donne deux GP à Spielberg (Autriche), deux GP à Silverstone (Angleterre), trois GP en Italie (Monza, Mugello, Imola). Un minima de 13 Grand Prix, coûte que coûte: 3 courses en juillet et quatre en août qui démontrent jusqu’à l’absurde la facilité des transports à travers l’Europe. La réactivité logistique également des circuits historiques convoqués au pied levé: Nürburgring, premier GP depuis 2013 ou Imola, dernier Grand Prix en 2006. La Formule 1 n’est clairement pas une affaire de tiers-monde sous-développé. Il va exister un Grand Prix appelé ÉmilieRomagne du nom de la région Nord de l’Italie. Ce nom viendrait de la route construite au IIème siècle avant JC entre Rimini et Plaisance, en passant par Parme, Bologne et Imola qui nous ramène à la Formule 1. «Tous les chemins mènent à Rome» puisque toutes les voies romaines, VIA, convergeaient vers l’Urbs par excellence. Outil commercial comme réseau de transport de troupes, le réseau routier romain, qui permit à l’Empire de s’administrer et de s’étendre, allait également faciliter son invasion par les Ostrogoths et les Wisigoths de nos albums d’Astérix. Dilemme bien connu de nos rois et reines : une route traversant la grande forêt de l’Est offrait certes un débouché rapide sur l’Océan Indien, mais elle aurait également permis aux soldats britanniques ou français d’échapper plus rapidement au fléau des généraux «Ala» (forêt) et «Tazo» (fièvre). Autre Grand Prix qui fleure bon l’Antiquité, celui de l’Eifel, dans la partie occidentale de l’Allemagne. Un aqueduc de 130 kms, construit en 80 après JC, permettait d’alimenter la ville de Cologne avec de l’eau acheminée par la seule force de gravité depuis le massif de l’Eifel. À l’époque de Ranavalona 1ère (règne de 1828 à 1861), l’ingénieux Jean Laborde avait réussi à acheminer de l’eau jusqu’à Ambanidia depuis une source à Ambohimalaza, distante d’une douzaine de kilomètres. Hélas, ce n’était pas via un aqueduc, mais par le canon des fusils de sa propre manufacture de Mantasoa: sans doute davantage une démonstration de savoirfaire qu’un réel souci utilitaire. Enfin, le nom de Styrie a été donné à un Grand Prix. Dans cette région de l’Autriche, siège Magna-Steyr (anciennement Steyr-DaimlerPuch), le plus important sous-traitant automobile au monde. Loin de la vitrine de la Formule 1, y a été développé pour Monsieur Tout-le-monde (quoique) le système de transmission intégrale 4Matic des Mercedes-Benz. Des voitures familières des rues urbaines, routes permanentes et pistes saisonnières malgaches, y ont également été produites: la Transporter T3 Synchro, la Golf II Country ou encore le Jeep Grand Cherokee II (WJ), et depuis 1979, le vénérable Classe G de Mercedes.
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