Code de la déroute


L'adoption du code de la communication sera-t-elle fatale au règne de Rajaonarimampianina  ? Aussi imprévisible que cela puisse paraître, elle a provoqué une chaîne de réactions aussi bien nationales qu'internationales. Ce qui est tout à fait logique, étant donné que la liberté de la presse et de l'expression fait partie du socle de la démocratie et de la déclaration universelle des droits de l'homme dont Madagascar est signataire. Un fait qu'aussi bien le Président, le Premier ministre, le président du Sénat, pourtant, un éminent juriste, le président de l'Assemblée nationale, les ministres, les sénateurs, les députés semblent ignorer. À se demander si les candidats aux sièges du Parlement devraient passer un test de droit ou de culture générale, voire un test de lecture et d'écriture pour être éligible à en juger certaines copies affichées à Tsimbazaza appelant justement les députés à voter le code de la communication sans «amadouement». Voter en toute âme et conscience est désormais éculé, il faut voter en toute connaissance. Hélas, cela reste, pour longtemps, une utopie aussi bien pour les simples électeurs que pour les prétendus grands électeurs à petit esprit. Mais une convention est une chose, son application en est une autre. On peut affirmer sans risque de se tromper que de toutes les conventions que Madagascar a signées, au niveau des Nations Unies ou d'autres organisations régionales ou continentales, aucune n'a été respectée. On n'en veut pour preuve que la convention de la Cites concernant les espèces protégées royalement bafouée. L'éventualité d'une sanction ne fait guère frémir les autorités. Esseulés au début, malgré les effets néfastes multisectoriels de ce code, les journalistes se sont trouvés de compagnons à l'issue du vote à l'Assemblée nationale. La société civile, les divers syndicats  et bien évidemment les politiciens en manque d'opportunités, ont très vite grossi les rangs. Ce code de la démence cristallise ainsi tous les mécontentements accumulés et les provocations en série durant deux ans de pouvoir de HVM. Il est à Rajaonarimampianiana ce que la fermeture de la station Viva en 2008 était à Ravalomanana. Un dernier excès de zèle qui sonnait le glas à un pouvoir sur la voie de l'autoritarisme. Même cause ou plutôt code, même effet. Sur le plan local, les mouvements de contestation, malgré leur ampleur de plus en plus importante comme en témoigne l'engagement de l'ancien Premier ministre Omer Beriziky, parmi les leaders du mouvement «Mitsangana ry Malagasy» déterminé à en finir avec l'ère HVM, seront très vite maîtrisés avec les perquisitions et les arrestations qui vont s'ensuivre après l'alerte de samedi à Andrefan'Ambohi­janahary. En outre, avec beaucoup de compagnons de fortune de Rajaonarimam­pianina durant la Transition, le mouvement risque de manquer de crédibilité même s'il ne peut pas faire pire que le gouvernement en place. En revanche, au plan international, l'affaire s'annonce corsée avec la prise de position de l'Union de la presse francophone et Reporters sans frontières contre ce code mais aussi et surtout celle de la 42e session de l'Assemblée des parlementaires francophones tenue à Antanananarivo qui a décidé d'inclure, in extremis, la liberté de la presse dans son ordre du jour. Il va sans dire que c'est le vote du code de la communication qui a précipité les choses. À défaut de décision, des recommandations sinon des injonctions devraient ressortir de cette session. Par ricochet, elles devraient rejaillir sur toute la communauté internationale avec ce que cela suppose de pression et de conditionnalités dans les accords de coopération. L'État a le choix entre tirer sur le ...code ou diviser le pouvoir en deux pour sauver ce qui peut encore l'être. Sinon on est en pleine infraction du code de la ...déroute. Par Sylvain Ranjalahy
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