Agrégats macro-économiques - Le projet de loi de finances rectificative en ordre serré


Le temps passe vite et les députés attendent avec « impatience » l’examen du projet de loi de finances rectificative, PLFR, principal objet de leur session. Le Conseil des ministres l’a adopté. Encore quelques modifications techniques à ajuster. Mais le PLFR est presque bouclé. Pour ne pas retarder sa présentation devant les députés, son examen et son adoption en étant une loi, il a été indiqué de souscrire dans les colonnes des dépenses du ministère de l’Économie et des finances, MEF, celles dites transversales affectées à chaque département ministériel. Elles ont été révisées. Comme le volume des recettes. Compte tenu du contexte actuel. Encore perturbé par les mesures restrictives de l’état d’urgence sanitaire. Ces deux évocations du Conseil des ministres semblent suivre les indications du Fonds monétaire international, FMI, dans son communiqué daté du 12 février. Recommandant l’augmentation conséquente des budgets et des dépenses alloués aux secteurs sociaux. Et une amélioration des recettes fiscales. Le 29 mars, Madagascar a obtenu 312 millions de dollars du FMI au titre de la Facilité élargie de crédit, FEC. Ce qui suppose l’adoption d’une certaine attitude conforme à l’orthodoxie financière internationale. Des suggestions formulées comme suit. « Le programme à moyen terme des autorités est axé sur le soutien à la reprise post-Covid-19 et sur la relance de la dynamique des réformes pour augmenter et soutenir une croissance inclusive et réduire la pauvreté, en s'appuyant sur les priorités du gouvernement détaillées dans le Plan Émergence Madagascar (PEM). Dans ce contexte, en plus de continuer à atténuer les conséquences sociales et économiques de la pandémie, le nouveau programme vise à reconstituer un espace budgétaire pour les dépenses et les investissements sociaux indispensables ; à faire progresser le programme de réformes structurelles, y compris le renforcement du cadre monétaire et de la surveillance financière ; et à améliorer la gouvernance. Il est aussi attendu que l’appui financier du FMI contribue à stimuler les investissements du secteur privé et à catalyser le soutien financier des partenaires du développement. La politique budgétaire du programme devrait être orientée vers l’accroissement des recettes intérieures. Un plan ambitieux de mobilisation des recettes à moyen terme doit s’appuyer sur une stratégie globale de réformes fiscales et de collecte des recettes. Cela permettra de libérer des ressources publiques pour augmenter l'enveloppe de dépenses pour les secteurs sociaux, notamment la santé et l'éducation, ainsi que pour augmenter les investissements publics, tout en préservant la viabilité de la dette. La composition des dépenses sera améliorée grâce à la limitation des transferts, notamment aux entreprises publiques, et à une meilleure budgétisation de la masse salariale et des retraites ». En d’autres termes, d’abord mobiliser les recettes publiques ou ressources financières internes. Dans cette optique, la Direction générale des impôts, dans l’optique de la digitalisation de ses services, a créé des plateformes en ligne pour faciliter le paiement des impôts et taxes. Afin d’inciter les contribuables à s’acquitter de leur devoir envers l’administration fiscale. Quelques chiffres pour mesurer la longueur du chemin qui reste à parcourir. Sur 25 millions d’habitants, le pays ne compte que 455 206 assujettis actifs. 800 000 « vagabonds du fisc » sont à insérer dans le circuit formel cette année. Pour espérer atteindre un taux de pression fiscale de 15% ramené au PIB en 2023. Tout un programme. Un taux de croissance réduit Ensuite, la répartition budgétaire devrait avantager davantage l’éducation nationale, la santé publique, l’eau, l’hygiène et l’assainissement, la population et la promotion des femmes. Ces priorités pour le FMI n’ont aujourd’hui que des miettes du budget général de l’État. Sujet sous-jacent, la suppression des subventions improductives de l’État au profit de ses sociétés en difficulté financière, comme la Jirama. Cette méthode tourne souvent à la dérive financière de plusieurs milliards d’ariary. Le montant inscrit dans la loi de finances initiale a été souvent dépassé. Les deux principaux bailleurs de fonds, le FMI et la Banque mondiale, préconisent les réformes structurelles, afin d’atteindre le seuil de rentabilité ou le point d’équilibre. L’application de la tarification Optima s’inscrit dans cette logique. À part ces balises du FMI, il existe des paramètres conjoncturels auxquels le PLFR devait être soumis. Comme les résultats de l’Enquête de conjoncture économique, ECE, de la Banque centrale de Madagascar, BFM, au mois d’avril. Qui ont conclu que « l’économie mondiale devrait être en croissance de +6,0% en 2021. Elle serait de 3,4% en Afrique sub-saharienne. En outre, le commerce mondial rebondirait en 2021 avec une croissance de +8,4%. La demande en nickel et en cobalt serait en hausse avec la demande de voitures électriques. Mais pour le cas de Madagascar, selon les prévisions, la production devrait croître de +3,2%, après un repli de 4,2% en 2020. Elle serait essentiellement tirée par le secteur secondaire dont les industries minières et la branche des énergies et le secteur tertiaire. En tout, de grandes incertitudes planent encore sur l’environnement macroéconomique, notamment l’apparition de nouveaux variants du virus Covid-19, l’évolution des prix des matières premières et la capacité d’ajustement de l’économie dans la situation actuelle. La combinaison de ces paramètres et les caractéristiques spécifiques de l’économie détermineront la vitesse de redressement de l’économie ». Le taux de croissance de l’économie globale serait ainsi de 3,2% contre 4,5 pour la loi de finances initiale, LFI. Ce qui serait conforme aux prévisions les plus optimistes du FMI alors que la Banque mondiale table sur une progression de 2% dans le cas d’une maîtrise de la pandémie du coronavirus par une vaste campagne de vaccination. Dans ce cas de figure, elle craint une paupérisation grandissante de la population. Par contre, le Premier ministre Christian Ntsay, brûlant la politesse à son ministre de l’Économie et des finances, a annoncé une avancée de 4,3%. Personne n’a tort et tout le monde a raison. Pour le moment. Résultat des courses dans six mois. D’autres aspects sont évoqués par les déductions de l’ECE. Comme le taux d’inflation en glissement annuel. Qui devrait être comprimé en-dessous des 7%. Même si les portefeuilles des ménages ressentent un certain vide par la hausse incessante des prix des PPN. Comme le litre de l’huile cachetée à 10 000 ariary. Les prix du kilo du riz ont amorcé une timide décrue mais toujours au- dessus des 2 500 ariary. En pleine moisson dans les greniers à riz. Une autre préoccupation, les prix du carburant. La note du FMI a souligné que « les autorités maintiendront également les prix du carburant à un niveau conforme avec les coûts du marché, afin d'éviter l'accumulation de nouveaux passifs envers les distributeurs de carburant ». Une formule diplomatique pour signifier le nécessaire retour à la vérité des prix à la pompe. Avec comme point d’ancrage les cours du baril sur le marché international et les valeurs transactionnelles de l’ariary face au dollar au Marché interbancaire de devises, MID. Le décor est ainsi planté. La conception du PLFR a été faite par le souci de respecter les engagements du gouvernement vis-à-vis du FMI. Et ne pas entrer en contradiction avec les analyses pointues et détaillées de la BFM, l’autorité monétaire, une entité sous tutelle du MEF. Une certaine harmonie doit s’instaurer entre les forces en présence. Pour étouffer d'éventuelles cacophonies… budgétaires.
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