Justice - Les vindictes populaires séduisent


Afrobaromètre a effectué des études sur la justice populaire. Celle-ci prend de plus en plus de l'ampleur. Une étude effectuée par Afro­baromètre a été présentée à l'hôtel Pano­rama. Les Malgaches sont d'accord à 41 % pour l'application des vindictes populaires. Les enquêtés pensent que cette pratique est justifiée pour les viols et les vols de zébus. 44 % ne dédouanent pas les cas de viols et 40 % pour les vols de zébus. La région Melaky est la région où la pratique de la vindicte populaire est la plus élevée, suivie de la région Est, Vatovavy Fitovinany, Analanjirofo et le Sud-Est. La région Itasy est indiquée être la moins consignée aux pratiques des vindictes populaires. « Plus d’un Malgache sur quatre, soit 26 %, affirme que leur localité a été, dans les deux dernières années, le théâtre d’actes de vindicte populaire. Ce taux atteint 57 % dans la région de Melaky. Le phénomène est essentiellement urbain avec 31 % des répondants contre 24 % en milieu rural », précise Désiré Razafindrazaka, directeur de COEF Ressources. L'équipe Afrobaromètre à Madagascar, dirigée par COEF Ressources, a, en effet, mené une enquête sur la vindicte populaire et a interviewé mille deux cents adultes malgaches de janvier à mars 2018, faisant suite à des enquêtes effectuées à Madagascar en 2005, 2008, 2013 et 2014. Au nom du peuple Alors que la Grande île est le quatrième des pays les plus pacifiques en Afrique, selon les données du classement 2018 du Global Peace Index, la situation à l'intérieur du pays semble ne pas se conformer à ce classement. Outre les attaques perpétrées par les dahalo ou bandits de grand chemin, les vols de zébus, la punition d'un crime par le peuple et « au nom du peuple » tend à s'enraciner. « La vindicte populaire prend de l’ampleur et tend à devenir un mode de fonctionnement dans la société malgache », relate encore l'étude. L'acceptation des vindictes populaires est plus forte chez les ruraux, 43 % contre 31 % des urbains, et les moins instruits. En revanche, 61 % des universitaires, 43 % des urbains, 47 % des hommes et 48 % des femmes questionnés sont en total désaccord avec les vindictes populaires. Par ailleurs, les « dina » ou pactes communautaires font partie du quotidien de 79 % des ménages en milieu rural contre 55 % des urbains. La grande majorité des ruraux, soit 80%, et 55 % des urbains vivent avec les « dina » ou pactes communautaires en tant que moyen de régulation sociale, liés essentiellement aux vols de zébu (35 %), à l’hygiène et à l’assainissement (18 %) aux traditions (13 %), et à la gestion des ressources naturelles comme le port illicite d’arme à feu. L’Index Ibrahim de la Gouvernance en Afrique, l’Economist Intel­ligence Unit, le Programme des Nations Unies pour le Développement, et la Banque Mondiale, entre autres, font appel à Afrobaromètre pour produire des indicateurs de gouvernance régionaux et globaux.
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