Androy - L’agriculture et de l’eau pour sortir du kere


L’agriculture, même résiliente, a besoin d’eau. La mise en place d’un pipeline depuis Taolagnaro reste l’une des meilleures solutions. Mahi­rata, 58 ans, raconte que sa famille vit dans le kere depuis maintenant trois ans. Il habite à Ambohimalaza, à quinze kilomètres d’Ambo­vombe, dans la région Androy. Il lui faut parcourir ces quinze kilomètres pour trouver de l’eau car cette denrée n’existe plus dans son fokontany. « Nous avions comme activité la culture de manioc et de maïs. Nous les écoulions sur le marché d’Ambovombe et vers des fokontany environnants. Mais cela fait trois années successives que nous n’avons pas pu cultiver. La terre est devenue trop aride faute de pluies» explique Mahirata. Outre les « raketa », sa famille et lui mangent des feuilles de plantes locales pour survivre. Il lui est même arrivé de consommer quelques-uns de son maigre cheptel de zébus pour pouvoir subsister. Pourtant, les produits tels que des brèdes, du poisson et même des légumes, abondent au marché d’Ambovombe actuellement. « Nous aurions aimé en manger mais c’est l’argent pour les acheter que nous n’avons pas » se désole-t-il. Le marché d’Ambovombe reçoit des approvisionnements depuis Toliara, Taolagnaro ou Fianarantsoa. Le climat joue des tours à Mahirata car s’il pleut à Ambovombe, ce n’en est pas le cas chez lui à Ambohimalaza. Il raconte que sa famille a obtenu des vivres de la part de donateurs, une seule fois au mois de janvier. Résiliente De nombreuses autres familles vivent dans les mêmes conditions dans la région. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que 1, 35 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire dans les régions Androy, Anosy et Atsimo-Andrefana. Ceux qui comprennent que ces populations n’attendront pas éternellement les donations de vivres pour survivre demandent l’exploitation réelle des ressources en eau, notamment pour l’Androy. « Tirer le fleuve d’Efaho de Taolagnaro est l’une des meilleures options pour l’Androy. C’est un fleuve intarissable qui est resté au même niveau depuis que je suis petit» témoigne un natif de la région. Le fleuve se situe à 108km d’Ambovombe. Soja Lahimaro, gouverneur de l'Androy, assure que ce projet n’a pas été abandonné. En attendant, des projets d’agriculture résiliente sont mis sur les rails. « La promotion des blocs agroécologiques s’étale sur 1 500 ha répartis dans cinq communes. Il s’agit d’utiliser des variétés de cultures performantes adaptées au contexte, des brise-vents et des engrais organiques » explique Bertrand Randria­narivo, coordonnateur du programme DEFIS dans l’Androy. Manioc, patates douces, maïs, sorgho, niébé, konoke et légumineuses sont cultivés avec des techniques innovantes. Un noyau de 5 ha démontre les techniques et 300 ha par commune sur les cinq testées sont ensuite cultivés par les agriculteurs. Bien que cela soit des semences adaptées à la sécheresse, sans eau, le risque d’échec n’est pas à écarter. La semaine dernière, un forage à Andalatanosy, la deuxième phase du pipeline d’Ampotaka, l’approvisionnement en eau de Lavanono à Beloha, l’extension de pipeline de Fauxcap à Tsihombe, ont été lancées par la ministère de l’Eau. Le projet Avotr’aina approvisionne Betsimeda Maroalomainty dans le district d’Ambovombe.
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