Résultats des tests douteux - L’Institut Pasteur doit des explications


Face au doute sur les résultats des tests du Covid-19 publiés jeudi, l’État demande des explications à l’IPM. Une enquête interne sous la supervision du ministère de la Santé est également, ouverte. L’Institut Pasteur de Mada­gascar (IPM), a jusqu’à mercredi. C’est le deadline donné par Christian Ntsay, Premier ministre, pour que l’entité sise à Avaradoha fournisse des explications et donne les résultats d’une enquête interne concernant les résultats des tests de dépistage du coronavirus, publié jeudi. Ce deadline a été fixé durant une rencontre entre le Premier ministre et un responsable de l’IPM, en présence du ministre des Affaires étrangères et de celui de la Santé, samedi au palais d’État de Mahazoarivo. Un rendez-vous que Chris­tian Ntsay qualifie de « demande d’explication (…) sur des données non conformes à ce qu’elles doivent être ». Il a été convenu, en outre, que l’Institut Pasteur ouvre une enquête interne, sous la supervision de responsable du ministère de la Santé. La version des faits de la part de l’IPM sera donc, connue mercredi. La rencontre de samedi à Mahazoa­rivo fait suite à la confusion causée par la publication de deux chiffres différents, le jeudi 7 mai. Ces données sont présentées comme les résultats des tests de dépistage effectués le 6 mai. Le 7 mai peu après 13 heures, Le Centre de commandement opérationnel Covid-19 (CCO), a fait part de trente-cinq nouveaux cas. Un peu plus tôt dans la matinée pourtant, l’Organi­sation mondiale de la Santé (OMS), a affiché soixante-sept nouvelles contaminations. Bien que l’OMS ait révisé sa publication pour l’aligner avec les chiffres du CCO, l’épi­sode a déconcerté le public. Déjà que le chiffre trente-cinq constitue un record, le soixante-sept est juste effrayant. Investigation Ce pic de contamination, selon Lalatiana Rakoton­drazafy, ministre de la Communication, à la télévision nationale (TVM), vendredi, aurait éveillé « des doutes », chez le président de la République, notamment. Pour éclairer le public, le professeur Hanta Marie Danielle Vololontiana, porte-parole du CCO a expliqué vendredi, que « face à cette hausse soudaine du nombre de contamination, l’État a décidé de vérifier trente-deux tests parmi les soixante-sept cas dépistés. C’est la raison pour laquelle, nous n’avons parlé que de trente-cinq cas positifs, hier [jeudi] ». Vendredi toujours, le professeur Vololontiana a indiqué que sur les trente-deux tests à vérifier, vingt-et-un ont été faits jusqu’au moment de son intervention télévisée de la mi-journée. « Sur ces vingt et un cas, seulement quatre se sont avérés positifs après les tests de vérification », a-t-elle affirmé. Elle a ajouté que les trente-cinq cas positifs qu’elle a officialisés jeudi, seront également soumis à des vérifications. Les contre-tests sont menés à l’Institut d’infectiologie Charles Merieux de la Faculté de médecine d’Antananarivo. À s’en tenir aux propos de la ministre Rakonton­drazafy, sur la TVM ven­dredi, les vérifications décou­lent donc, d’une directive présidentielle. Pareil­lement, pour « l’ouverture d’une investigation sur la publication de ces résultats douteux ». Selon la porte-parole du gouvernement, « il ne s’agit de pas d’une simple erreur car, (…) ce fait sape la confiance de la population envers l’État s’agis­sant de la publication des informations sur le coronavirus ». La ministre de la Commu­nication ajouté que durant une réunion, juste avant son intervention télévisée de vendredi, le Président aurait affirmé, « nous ne pouvons pas laisser ça ». Au regard du scénario de samedi à Mahazoarivo, c’est au Premier ministre donc, qu’a été confiée la mission de piloter les investigations. Comme l’a indiqué la porte-parole du gou­vernement, la veille, la question que se poserait l’État est, « s’agit-il d’une erreur délibérée ou découlant d’un problème technique ? ». Des observateurs, quand à eux, s’interrogent « les investigations s’arrêteront-elles à l’explication que donnera l’IPM et les résultats de l’enquête interne qu’elle mènera ou sera-t-elle plus poussée ? ». Un protocole de contre-test Après les péripéties de jeudi et vendredi, l’opinion publique s’interroge sur l’atmosphère des relations entre l’État et l’IPM, notamment dans cette guerre contre le coronavirus. Face à la presse, à l’issue de la réunion de samedi, le Premier ministre Ntsay a affirmé que les tests de dépistage du coronavirus seront toujours faits à l’Institut Pasteur. Le chef du gouvernement ajoute, toutefois, qu’un « protocole devant permettre maîtriser le processus de dépistage depuis les prélèvements jusqu’au laboratoire sera mis en place». Ce protocole, selon ses dires, permettra «le cas échéant, de procéder à des contre-tests ».
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