Secteur ferroviaire - Des changements attendus


Comparé au secteur du transport terrestre et surtout celui de l’aérien qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, l’écosystème ferroviaire est un sujet peu traité dans les médias. Force est cependant de remarquer que le secteur est en train d’opérer des changements notables qui devraient contribuer à terme à reconfigurer le paysage du transport multimodal à Madagascar. À savoir que le réseau ferroviaire malgache comprend aujourd’hui 877 km de lignes à voie métrique. Au nord-est, trois lignes sont gérées par la société Madarail. La ligne Tananarive-Côte Est (TCE), longue de 371,4 km plus une liaison de 3,3 km vers le port de Toamasina, la ligne Moramanga-Lac Alaotra (MLA) longue de 167,4 km avec un embranchement minier de 18,6 km jusqu'à Morarano Chrome (VMC), et la ligne TananariveAntsirabe (TA) de 153,2 km. Au sud-est, la ligne de 163,3 kmest gérée par la société publique « Fianarantsoa-Côte Est » (FCE). L’histoire a démontré que développer le réseau de chemin de fer à Madagascar n’est pas une mince affaire. La vétusté des infrastructures, la nécessité de mobiliser des fonds importants pour financer les projets de modernisation, les risques élevés pour la rentabilisation des investissements ou encore la lenteur du processus en matière de collaboration avec les partenaires techniques et financiers, les difficultés sont multiples. Pourtant, selon les responsables publics, le secteur du transport ferroviaire devrait connaitre une transformation remarquable dans les prochaines années. Pour le réseau Nord, le projet du gouvernement prévoit la remise en état des ouvrages d’art, des ouvrages hydrauliques et des ouvrages en terre, le renouvellement et le confortement de voies, l’uniformisation des rails sur le TCE et la MLA, la généralisation du travelage en béton bi bloc, l’acquisition d’engins pour les travaux de la voie, la remise en état des locomotives et des wagons existants et l’acquisition de nouveaux. Photo : fournie Notons également l’implantation de l’usine de production de traverses en béton armé (UTBA) à Moramanga. Dernièrement, une descente des responsables au sein du Ministère des Transports et de la Météorologie a été effectuée sur le site dans le cadre du projet de relance du réseau ferroviaire Nord du pays. Nouveau visage de Madarail Il a été indiqué à cette occasion qu’il s’agit de l’unique unité modulable dans la région de l’océan Indien, capable de produire des traverses dotées d’une grande résistance face aux intempéries. Depuis avril 2021, plus de 20 500 unités de TBA ont déjà été produites par l’usine, avec une capacité de 800 TBA/j, équivalent à 600m de voie. À terme, le projet table sur une production de 168 735 TBA réparties entre les lignes Tananarive CôteEst (TCE) et Moramanga - Lac Alaotra (MLA). Notons que l’unité est aussi impliquée dans le programme de train urbain à Antananarivo dont la production devrait débuter avant la fin du premier semestre 2022. Concernant toujours ce projet de train urbain, rappelons qu’en décembre dernier, le conseil des ministres a donné son accord pour la prise en charge par l’Etat des droits et taxes pour l’importation des équipements dans le cadre de la mise en œuvre du projet. Parmi les travaux en cours ou en phase de programmation, on peut citer la pose de balises en béton sur les côtés de la voie et la remise aux normes des gares. La première ligne de train urbain étant prévue partir de Soarano vers Amoronakona en passant par le By Pass. Dans le Sud, le gouvernement envisage le lancement d’un grand projet intitulé la Vallée des mines qui consiste à créer une liaison de chemin de fer d’environ 990 km de long reliant Antsirabe et le port de Toliara avec un embranchement sur Fianarantsoa au niveau d’Ikalamavony. Sans oublier évidemment la modernisation de la ligne FCE dont plusieurs projets ont déjà été mis en route à l’instar de la remise de nouvelles locomotives. La configuration capitalistique de la société Madarail pourrait connaître un changement prochainement. Lors de son intervention télévisée effectuée la semaine dernière, le PDG du groupe Sodiat, Maminiaina Ravatomanga, principal actionnaire de la compagnie ferroviaire depuis 2011, a laissé entendre qu’il pourrait se retirer du capital de Madarail pour laisser d’autres acteurs poursuivre les projets initiés.
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