Une grande effervescence commerciale à Toamasina


La côte Est est réputée par sa mer houleuse et ses vents violents. Cependant, à la fin du XIXe siècle, avec l'occupation récente et la pacification de la région de Mandritsara, l'ouverture d'un bon chemin entre cette localité et le petit port de Rantabe augmente l'importance des transactions dans la baie d'Antongil où les navires trouvent de bons mouillages. En plein océan Indien, la petite île de Sainte-Marie, située en face du port de Tintingue, offre un bon mouillage. C'est d'ailleurs une escale des paquebots des Messageries maritimes. Sur la Grande terre, mais un peu plus au sud, le port de Toamasina est le centre commercial le plus important de Madagascar. Deux lignes de récifs protègent la rade contre la haute mer et lui donnent une sécurité relative. La majeure partie des produits de la côte Est et de l'intérieur sont dirigés sur Toamasina. En 1898, un certain nombre de commerçants français y résident déjà. De même, quelques maisons américaines, anglaises, allemandes et suisses y font des affaires très importantes. Les marchands indiens sont également nombreux; quant aux Chinois, ils possèdent à l'époque plus de cent magasins où ils vendent surtout des denrées à l'usage des Européens et du riz. « En présence du grand nombre de ces Asiatiques qui augmentent chaque jour, l'administration a pris des mesures (taxes de capitation élevées) pour atténuer les effets de la concurrence qu'ils font à nos nationaux » (Bulletin du Comité de Madagascar, 1898). Un entrepreneur français devra à la même période commencer la construction d’un appontement long de 300 à 500 m qui sera éclairé la nuit par de puissants appareils. Ce qui facilitera les opérations d'embarquement et de débarquement des passagers et des marchandises souvent contrariées par une forte houle. Une autre question soulevée est celle de l'installation des magasins généraux. Les bâtiments des compagnies françaises et ceux de la Castle Line ne sont pas les seuls qui desservent le port de Toamasina où les vapeurs de la Maison Oswald de Hambourg, relâchent trois ou quatre fois par an. De nombreux voiliers, boutres et goélettes mettent en relation les ports du Nord et du Sud avec Toamasina. À 100 km au sud du grand port de l'Est, Andevoranto n'est pas protégé comme celui-ci par des récifs de coraux. Ainsi, les exportations, de raphia et de peaux de bœufs surtout, n'ont lieu que lorsque l'état de la mer permet aux chalands de franchir la barre pour aller charger les bateaux en rade, soit pendant à peine huit mois de l'année. Andevoranto a cependant une certaine importance commerciale, car c'est à son niveau que la route Toamasina-Antananarivo quitte la côte. Fin du XIXe siècle, une dizaine de maisons importantes y sont installées ou représentées. Si l'on continue à suivre le littoral vers le Sud, l'on arrive à Vatomandry où, après Toamasina, est importée la plus grande quantité de tissus qui pénètrent dans l'intérieur. Cependant comme à Andevoranto, la mauvaise situation de la rade oblige beaucoup de navires à débarquer leurs marchandises à Toamasina. Vatomandry est relié à Antananarivo par un sentier très fréquenté par les bourjanes. Toujours plus au Sud, les articles de commerce recueillis dans la région de Mahanoro sont dirigés par voiliers sur Mananjary par les Maisons étrangères et sur Toamasina par les commerçants français. Les principales exportations consistent en riz, gomme copal, raphia brut et sacs vides confectionnés avec ce produit. Au Sud-est de la Grande île, le commerce par les Français est faible. C'est surtout dû à l'absence de communication directe des deux ports de Mananjary et de Fort-Dauphin avec la France. Ainsi, la plupart des produits à exporter de ces deux provinces sont dirigés vers les marchés de Londres. Une certaine quantité est également embarquée sur le paquebot mensuel de la Castle Line à destination de Hambourg. « Grâce aux facilités qui leur sont offertes, les étrangers non seulement accaparent le commerce du Sud, mais ils sont aussi les seuls importateurs des matières premières qui trouvent un débouché facile dans la population indigène. »
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