Îles Éparses - L’État maintient son engagement


La revendication de la restitution des îles éparses a été réaffirmée au CCI, hier. Avec la concertation d’Ivato, l’initiative présidentielle prend une dimension nationale. La souveraineté est un préalable. Ce sont les mots de Chris­tian Ntsay, Premier ministre, dans son discours d’ouverture de la concertation nationale sur les îles éparses, qui se tient au Centre de conférence internationale (CCI) d’Ivato. « Rétablir la souveraineté de Madagascar sur ces îles est un préalable à tout autre sujet de discussion comme la gestion durable de ces îles », a déclaré le chef du gouvernement qui est, aussi, à la tête de l’équipe de négociateurs malgaches au sein de la commission mixte. Comme il le rappelle, le processus qui a conduit au rendez-vous d’Ivato a été déclenché par la demande officielle faite par Andry Rajoelina, président de la République, durant son face-à-face avec son homologue français, Emmanuel Macron, au palais de l’Elysée, en mai. Depuis, la détermination de l’État dans les revendications des îles malgaches de l’océan Indien comme elles sont reconnues par les Nations Unies n’a, visiblement, fait que se renforcer. Les mots utilisés dans les discours officiels le démontrent. De « gestion ou la restitution », requise en mai, en passant par la demande que la souveraineté malgache soit reconnue sur ces îles avant toute autre discussion, durant la première réunion de la commission mixte, le 18 novembre, à Andafiavaratra, « la restitution », est dorénavant requise sans ambages. Challenge Prendre le dessus sur la France ne sera, cependant, pas une mince affaire. L’initiative du locataire de l’Elysée d’ériger les îles éparses en réserve naturelle nationale française et d’y édifier un centre de recherche démontre que l’Hexagone n’est pas enclin à céder aisément dans les négociations. Campant sur le fait que ces îles constituent une souveraineté française, Emma­nuel Macron veut une cogestion. L’âpreté de la joute diplomatique autour du dossier a, probablement, amené les prédécesseurs de Andry Rajoelina, à s’en tenir à des déclarations d’intention, ou carrément le ranger dans les placards. La seule avancée majeure jusqu’ici est la résolution des Nations Unies de 1979, demandant à la France d’entamer avec Madagascar les pourparlers pour la restitution des îles éparses. Une première bataille diplomatique gagnée par l’administration de Didier Ratsiraka, ancien président. Seulement, plus rien n’a été fait depuis, pour concrétiser cet acte onusien jusqu’à la demande « officielle et solennelle », faite par Andry Rajoelina, à Paris, en mai. « (…) l’appartenance des îles éparses est une question d’identité nationale », a-t-il soutenu. Dans son discours d’hier, le Premier ministre a renchéri en indiquant qu’il s’agit d’une question de « souveraineté nationale et d’indépendance, toujours incomplètes », en raison de l’ampu­tation de ces îles du territoire malgache durant la décolonisation. Le but de concertation d’Ivato étant d’avoir une adhésion nationale afin de bétonner l’initiative étatique. Face à la presse, le Premier ministre Ntsay a souligné la nécessité que la communion nationale derrière la posture étatique dans les négociations avec la France, soit sans équivoque. Au regard du taux d’affluence au CCI, il semble que, sur la forme, l’État ait gagné son pari. Sur le fond, les discours convergeaient vers « la restitution ». Les derniers développements des actualités laissent croire qu’une véritable bataille est engagée. Avec cette concertation nationale, Andry Rajoelina trouve le bouclier nécessaire pour aller au bout de son engagement patriotique et gagner le challenge qu’il s’est fixé avant le 26 juin 2020. Mais, Christian Ntsay a souligné que les deux parties ont décidé de s’engager dans les négociations. Alors qu’une synthèse des propositions faites à Ivato sera remise au président de la République, demain, l’agencement du discours du chef du gouvernement, hier, et des indiscrétions, donnent une idée des points que les négociateurs malgaches mettront en exergue au sein de la commission mixte pour avoir gain de cause. L’histoire devrait être un angle d’attaque privilégié. Il s’agira de démontrer que les îles éparses étaient connus et fréquentées par les Malga­ches avant la colonisation. C’est ainsi que les noms malgaches avec ces terres tels que les ancêtres les auraient baptisés, ont été officiellement présentés, hier, à savoir Nosy Sambatra pour les Glorieuses, Nosy Kely pour Juan de Nova, Bedimaky pour Bassas Da India et Ampela pour Europa. Le volet droit international sera, également, souligné et l’opportunité de surfer sur « l’évo­lution de la géopolitique et des relations internationales », comme l’indique Christian Ntsay.
Plus récente Plus ancienne