Lecture optimiste


Les incursions du pessimisme, qui en permanence, vient sans être invité et qui hante et influence mes pensées, ont été mises à mal par l’intrusion des images qui font l’actualité sur un groupe très prisé sur un célèbre réseau social : l’extase produite par les livres, visible sur les visages où se lit une passion irréductible pour la littérature. Ces mêmes têtes ont été trouvées dans la file d’attente interminable, constituée de ceux qui ont été sensibles au magnétisme des livres bradés à l’IFM. Le négativisme, affaibli par cette petite dose d’optimisme, est la conséquence de la vision d’une situation intellectuelle générale qui est, on ne peut que sortir un euphémisme pour décrire le contexte, alarmante. La pénétration des ténèbres a depuis longtemps atteint une phase critique : elles s’étendent et entretiennent leur domination sur la raison en plongeant l’esprit critique dans une léthargie, un coma dont l’état avancé laisse peu de place à tout espoir de réveil. Inconscients de cette précarité intellectuelle qui met notre lucidité à la merci des manipulateurs, des beaux parleurs et des vendeurs de rêves, on se complait pourtant dans cette situation de disette intellectuelle, une des origines des décisions situées à la source de la misère matérielle générale. Voir le nombre des acteurs qui ont pris part aux récents événements qui ont vu les livres être l’objet du désir d’une chasse au trésor fortement couverte sur le groupe des amoureux de livres malgaches, a redonné foi en l’avenir. Profitons aussi de cette chronique pour évoquer un sujet qui n’est pas du même domaine que les livres, bien que des fois présenté comme un opposant de fait omniprésent (encore un euphémisme) dans notre vie quotidienne, un sujet qui divise : l’influence de la télévision. Sa part dans la construction du cerveau humain ne peut être négligée car comme l’écrit Pierre Bourdieu dans Sur la télévision (1996) : « La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population ». Selon le célèbre sociologue, étant soumises aux lois du marché et à la dictature de l’audimat, les chaînes de télévision accorderaient une place prépondérante aux faits divers au détriment du questionnement de fond, exerçant sur la réflexion une « violence symbolique » : l’image caricaturale de l’intellectuel qui exècre la télévision nous vient à l’esprit. Bien que, comme tout produit de l’être humain, la télévision n’est pas parfaite, elle n’est pas totalement mauvaise non plus mais quand des millions de cerveaux carburent aux débilités servies par la téléréalité, la présence de l’inquiétude est légitime. Une inquiétude atténuée par la passion affichée par ceux qui étaient disposés à effectuer le parcours du combattant pour être digne de posséder un Stephen King, un Michel Bussi ou un Dan Brown,… De ces événements a découlé un nouvel espoir quant à l’avenir du pays car la lecture «met en ébullition, dissipe la sécheresse, active les facultés, déchrysalide l’intelligence et met en liberté l’imagination. » (Antoine Albalat) Le cerveau, selon plusieurs études scientifiques, peut être entretenu par les efforts intellectuels nécessaires à lecture qui, tout en créant des connexions neuronales, renforcent celles qui existent déjà : la lecture fertilise nos capacités intellectuelles. Quand on voit que ceux qui se nourrissent de littérature sont en nombre considérable, on est en droit de penser que tout n’est pas perdu. par Fenitra Ratefiarivony
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