Débats stériles


Deux heures pour rien entendre de concret. Le premier face à face entre le deux candidats qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle a été plutôt un règlement du vieux contentieux entre les deux hommes qu’un exposé du programme ou de projet de redressement. Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana se sont livrés à des attaques réciproques relatives à leur passé sulfureux au lieu de proposer un projet structurant pour sortir le pays de la profondeur de la pauvreté dans laquelle Il est enlisé. Visiblement mieux préparé et briefé en permanence selon l’allure du débat, Andry Rajoelina a paru mieux armé et plus mature. Il a été plus clair et précis dans sa démarche. Il affirmera à la fin qu’il avait attendu ce moment depuis dix ans. Néanmoins, il manquait du concret dans les projets qu’il a annoncés. L’opinion attendait plus de détails dans le financement de ces projets, une structuration, des objectifs et des moyens. Il ne suffit pas d’énoncer des projets mirobolants, il faut savoir leur intérêt et il faut qu’ils soient réalistes et répondent aux préoccupations actuelles de la population. On aimerait bien un tramway mais avec l’état actuel du secteur énergie, on se demande comment on peut le faire fonctionner. En outre, combien de gens auront les moyens de se payer un ticket du tramway quand on sait qu’à 500 ariary, le taxi-be est hors de portée de beaucoup de ménage. Il ne suffit pas d’annoncer qu’il faut construire des routes, des logements sociaux créer de l’emploi pour les jeunes, il fallait révéler comment y arriver en réduisant par exemple les dépenses futiles de l’Etat, en hiérarchisant les priorités, en créant de nouvelles taxes, en organisant un emprunt national... Le débat n’a pas permis de connaître davantage l’IEM. C’est du côté de Marc Ravalomanana que le vide en terme de projets a été constaté. Le candidat du TIM s’est contenté de ses onomatopées légendaires en l’occurrence, kapoakako io, haiko io comme proposition. Il s’est embrouillé dans sa démarche qu’il a oublié à la fin d’appeler les électeurs à voter pour lui. Visiblement Ravalomanana était venu avec un objectif clair celui de dire ce qu’il avait préparé et là où il voulait en venir sans tenir compte ni de l’avancée de la discussion ni de l’ordre du jour. Il était souvent en avance sur l’ordre des thématiques fixé par les deux journalistes. Sur le fond, le débat a été pour le moins stérile ressassant à quelques révélations près ce que l’on savait déjà. Sur la forme, il a été indéniablement à l’avantage de Andry Rajoelina, courtois dans l’ensemble, offensif et déterminé. Si la prestation au débat était déterminante au scrutin, les carottes seraient cuites pour Ravalomanana. Mais on sait que cela n’a pas trop d’importance à l’image des accusations de toutes sortes pour salir l’un ou l’autre candidat sur les réseaux sociaux. Gageons que les deux candidats se sont réservés pour le deuxième round dimanche. Il fallait pas brûler d’emblée les cartouches. Ce dernier acte sera bien évidemment décisif et on espère qu’il aura une autre allure et que les deux candidats sauront répondre à l’attente de l’opinion.
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