DÉLESTAGE PERSISTANT - Suspicion de sabotage à la Jirama


Les coupures et délestages de courant qui se sont renforcés ces derniers jours pourraient faire tomber des têtes à la Jirama. Il y a anguille sous roche. Cette appréhension a été affirmée par Andry Ramaroson, ministre de l’Énergie et des hydrocarbures, lors d’un échange sur les raisons et les objectifs des entretiens d’évaluation des hauts responsables de la Jirama, depuis lundi. Sauf changement, les résultats seront connus samedi. Selon les explications du membre du gouvernement, ces entretiens d’évaluation sont prévus tous les six mois. “Seulement, cette fois-ci, il y a eu du retard”, ajoute-t-il. La proximité de cette batterie d’entretiens de plus d’une trentaine de hauts responsables de la Jirama, avec les séries de black out à Antananarivo et ses environs, la semaine dernière, notamment, vendredi jusqu’à dimanche, intrigue. En réponse, le ministre Ramaroson indique, “il y a quelque chose de floue”. Ayant inauguré le central solaire de la Jirama, à Nosy Be, vendredi, le ministre de l’Énergie et des hydrocarbures et Rivo Radanielina, directeur général de la Jirama, ont précipité leur retour à Antananarivo. En cause, le black out de vendredi. Dans plusieurs quartiers, le courant a mis plusieurs heures avant d’être rétabli. Il y en a qui ont passé tout le week-end dans le noir. Dimanche, le ministre et le directeur général ont tenu une première réunion avec les cadres de l’entreprise afin de faire le point sur la situation. Le ministre de l’Énergie et des hydrocarbures concède que la persistance et la hausse de la fréquence ainsi que la durée des délestages “motivent des suspicions”. Sur sa page Facebook dont l’indicatif est son sobriquet “Andry Goly”, le membre du gouvernement a publié, dimanche, s’agissant des douloureuses coupures de la fin de la semaine dernière, “il y a déjà eu des discussions par téléphone, mais je n’ai pas été convaincu à 100%”. Ce qui l’a amené à tenir la réunion de dimanche donc. Visiblement, cette réunion avec les cadres de la Jirama, dimanche, n’a toujours pas été satisfaisante. Aussi, depuis le lundi, chacun d’entre eux a défilé devant le conseil d’administration de l’entreprise pour un entretien d’évaluation. “Il y a de fausses informations, de fausses interventions, de fausses évaluations par l’Exécutif”, confie le ministre Ramaroson. Sur sa page Facebook, mardi, il a publié, ces doutes sur le fait que les résultats d’évaluation “faite par d’autres”, des cadres ont obtenu de bonnes notes. “Lorsqu’il leur a été demandé de faire une auto-évaluation devant-nous, pourtant, ils n’ont pas obtenu la moyenne”, ajoute-t-il. Sans ambages, il déclare, “j’annonce d’emblée que certains seront remerciés, d’autres poursuivront leur travail et il y aura aussi ceux qui seront soumis à des enquêtes”. Selon les explications d’une source avisée, la persistance du délestage a, outre les pannes techniques, est la cause économique. Le quatrième groupe installé récemment à Andekaleka, “n’est pas encore opérationnel du fait que nous sommes en période d’étiage”. Doutes Seulement, à s’en tenir à l’échange avec Andry Ramaroson, le constat est que les coupures sont plus fréquentes et le courant met plus de temps à être rétabli. Une situation qui l’amène à soutenir, “il y a anguille sous roche”. L’hypothèse d’acte délibéré à visée politique, à une certaine mesure, serait même prise en compte. “C’est vrai qu’une certaine coïncidence est à souligner. A chaque fois que le Président [le président de la République] fait quelque chose, il y a un black out. A chaque fois que je suis hors d’Antananarivo, le délestage se renforce”, affirme le ministre de l’Energie et des hydrocarbures. La coupure générale de la fin de semaine coïncide avec le déplacement présidentiel à Nosy Be, un autre mardi, avec son discours à la 27ème Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 27). Les retransmissions des interventions présidentielles et des ateliers au Forum national des investissements ont été perturbées par des blacks out également. Ici, les intempéries ont été avancées comme explications. Outre les coupures, le temps pris pour le rétablissement de l’électricité irrite de plus en plus les usagers. Lors des blacks out du 29 octobre, par exemple, plusieurs quartiers sont restés sans électricité jusqu’à lundi. La persistance du délestage devient intenable pour la population. Une situation qui a indéniablement des conséquences politiques, surtout à un an de l’élection présidentielle. De prime abord, le grand ménage probable à la Jirama est mis en avant comme une reprise en main de l’entreprise. Contacté, un communicant de la Banque mondiale affirme, cependant, qu’aucune communication n’a été faite sur les évaluations des cadres de la Jirama.
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