AIDES HUMANITAIRES - Plus d’autonomisation et moins d’assistanat


En marge de la COP 27, le président de la République s’est entretenu avec le directeur exécutif du PAM. L’occasion pour le chef de l’État de demander plus d’action d’autonomisation et moins d’assistanat. L’autonomisation. Un but vers lequel devraient être réorientées les actions des organisations humanitaires. Une réorientation souhaitée et suggérée par Andry Rajoelina, président de la République, à David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM). Le locataire d’Iavoloha et le patron du PAM ont eu une entrevue en marge de la 27ème Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 27), à Sharm El-Sheikh, en Égypte, mardi. Selon une communication de la présidence de la République, la lutte contre le Kere dans le Grand Sud et les aides humanitaires y afférentes ont été au centre des discussions. Le locataire d’Iavoloha a ainsi profité de cette rencontre pour affirmer son souhait que les organisations internationales, dont le PAM, s'appliquent plus à travailler pour “l’autonomisation”, des populations vulnérables et non susciter l’assistanat. Il a été dit durant cette entrevue entre Andry Rajoelina et David Beasley que l’idéal serait que d’ici quelques années, Madagascar n’aura plus besoin de l’aide du PAM, car le pays aura vaincu l’insécurité alimentaire. Durant le colloque régional pour l’émergence du Grand Sud, à Tolagnaro, en juin 2021, un constat a été martelé par les responsables locaux, “les dépenses en aides humanitaires dans le Sud, depuis des décennies, se chiffrent en plusieurs centaines de millions de dollars, pourtant, la situation va de mal en pis”. Changement de stratégie Les différents dons en alimentation, ou financiers octroyés aux ménages touchés par l’insécurité alimentaire dans le Sud ont, effectivement, créé un climat d’assistanat. La situation est telle que dans certaines localités, tout visiteur sortant d’un véhicule tout terrain, notamment, lorsqu’il s’agit d’étranger, est vu comme le père Noël. Certes, la vie est dure dans cette partie du pays. Les infrastructures de base manquent cruellement. Il faut surmonter un parcours du combattant pour accéder à l’eau. Ce sont des réalités qui datent de plusieurs années. La défaillance étatique est un fait, dans cette lutte larvée contre le kere dans le Sud. Les organisations humanitaires ont, également, leur part de responsabilité. Chaque entité internationale a ses attributions et sa vocation, certes. Dans plusieurs cas, les moyens financiers et logistiques déployés pour les études préliminaires, les enquêtes et collectes de données avoisinent le coût des dons et aides distribués. Un changement de stratégie s’impose, visiblement. L’État, de prime abord, en a pris conscience. Durant le colloque régional à Tolagnaro, les discussions se sont soldées sur la nécessité d’engager, en parallèle aux aides d’urgence, des actions structurantes afin de renforcer la résilience et favoriser l’autonomisation des populations vulnérables. Lors de sa rencontre avec le directeur exécutif du PAM, Andry Rajoelina a soulevé l’exemple du projet Titre vert. Il consiste à attribuer un certificat foncier pour une parcelle de terrain à des familles prêtes à mener des projets agricoles ou d’élevage. Outre une terre, les mé­nages bénéficiaires peuvent avoir des semences, des animaux d’élevage et des équipements également dans le cadre du projet Titre vert. S’agissant du Grand Sud, le projet de construction du pipeline Efaho, permettra l’accès à l’eau. Étant donné l’ampleur de la situation, les efforts étatiques seuls pourraient ne pas suffire pour gagner la guerre contre le kere. L'appui de la communauté internationale dans le sens de l’autonomisation et la résilience ne serait pas de trop.
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