Violence policière - Des militaires assiègent l’hôtel de ville


Des  militaires armés, conduits par un général, ont encerclé, hier soir, dans leur siège, les éléments de la police municipale. L’agression d’un des leurs, et de son épouse marchande de rue, a provoqué un séisme. Sur le pied de guerre. Un corporatisme militaire démesuré fait des vagues. Une soixantaine de militaires brandissant chacun des Kalachnikovs chargés, conduits par le général de brigade Théophile Justin Rakotonirina, deuxième adjoint du Chef d’État-Major Général de l’Armée Malagasy (CEMGAM), ont encerclé le siège de la Commune Urbaine  d’Antananarivo (CUA), à Analakely, hier soir. De prétendues violences, infligées à un militaire de la Base Aérienne Tactique (BATAC) à Arivonimamo, ainsi qu’à son épouse marchande de rues, lors d’un assainissement musclé, mené par  des agents de la police municipale, ont mis le feu aux poudres. Ce branle-bas de combat a duré  près de deux heures, durant lesquelles l’Hôtel de Ville était en quasi état de siège. Barricadant le portail principal et toutes les autres issues, le peloton armé de bérets rouges, déployés autour de l’enceinte sur ordre de l’État-Major Général, ont tenu à l’œil les hommes de la police municipale qui y étaient retranchés. Pendant que ces scènes de film suscitaient un attroupement de badauds, le deuxième adjoint du CEMGAM, outré, s’est rué vers l’hôtel de ville pour demande des explications auprès des responsables de la CUA et de la police municipale. Le  colonel Zafisambatra Ravoavy, commandant du groupement de la gendarmerie nationale de la région Analamanga, ainsi que le commissaire principal Jean Victor Tsaramonina, commissaire central de la ville, se sont dépêchés sur les lieux avec leurs éléments respectifs, faisant ainsi baisser d’un cran la vive tension qui régnait. Réactions en chaîne L’assainissement, à l’origine de cette guerre de nerfs, a commencé en fin d’après-midi. Aux alentours de 17 heures, les agents de la municipalité ont lancé une traque de marchands illicites dans les rues d’Analakely. Des témoignages de commerçants, opposés aux opérations en question, révèlent que la police municipale aurait malmené la femme du militaire de la BATAC, qui se serait  interposé, s'attirant ainsi la foudre de la police municipale. Se rangeant de son côté, le président de la communauté œuvrant pour la défense des droits des consommateurs (VOMZM), de dire que le militaire a été, à son tour, battu par les agents d’assainissement. Sur ces entrefaites, le militaire et son épouse ont été embarqués à bord d’un minibus de la municipalité. Entre-temps, une horde de marchands en furie les y avait suivis. L’enceinte a, du coup, essuyé des jets de pierre, touchant des véhicules garés dans le parking. Retenu à l’hôtel de ville, le militaire a téléphoné au Premier Régiment Militaire (RM1) à Analakely, déclenchant des réactions en chaîne au sein de l’armée. «D’autres citoyens font également les frais de la violence, mais les forces de l’ordre font peu de cas de leur calvaire. Et puis, il suffit qu’un militaire la subisse pour que ses frères d’armes rappliquent avec une soixantaine d'armes de guerre, ce qui est vraiment injuste», tonne Juliette Ravoniarivelo, témoin des faits survenus. Comme réponse du berger à la bergère, une source auprès de l’État-Major Général de l’Armée rélève que le deuxième adjoint est intervenu, en tant que responsable des opérations et de la sécurité au sein de l’armée, mais aussi en sa qualité de directeur des opérations et des renseignements. Andry Manase
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