Agriculture - Un letchi déjà à l'heure d'été


Des fruits plus précoces à Saint-André, avec un pied de letchi aux fruits déjà bien rouge. Des spécialistes parlent de changements de comportement. S'il n'est pas climatologue et n'a donc pas d'avis sur le réchauffement climatique, Eric Lucas, responsable du département Diversi­fication végétale de la chambre d’agriculture observe bien des «changements de comportement» dans les vergers de l'île. Et de citer des letchis mais aussi des tangors plus précoces en coloration, voire très précoces cette année, ou la présence de mouches des fruits à plus de 1 000 mètres d'altitude, Mafate compris, alors qu'elle ne doit pas grimper à plus de 600 mètres... Même la vanille est désormais replantée plus en altitude par certains spécialistes pour lui apporter la fraîcheur dont elle a besoin pour se développer. Le lien avec la chaleur est rapidement fait par des observateurs. Pour rappel, La Réunion continue de battre des records de chaleur : le mois de juillet 2019 a été le 2e plus chaud des cinquante dernières années, après le mois de juillet 2017 et le record de température a été battu le 25 janvier à Trois Bassins avec trente sept degrés. Le 1er semestre a été le plus chaud jamais enregistré à La Réunion avec une hausse de 1,21 degré. Maturité Si l'absence de pluies a déjà pénalisé de nombreuses productions en début d'année, à l'image du chouchou, cette hausse des chaleurs aurait tendance à accélérer le processus de maturité chez les arbres fruitiers et le phénomène bien connu de «stress» nécessaire à l'arbre pour se mettre en production, favorisé par un écart entre les températures du jour et de la nuit. Ce qui s'est passé cet hiver avec des températures plus clémentes le jour. Contre un début de production classiquement observé à partir de mi-décembre, Eric Lucas penche désormais pour fin novembre, début décembre. Et la saison s'annonce comme l'année dernière prometteuse : «Dans le Sud on a jamais vu ça, c'est difficile de trouver un pied qui n'a pas eu une bonne floraison», indique-t-il. Ce qui est déjà surprenant, les letchis étant plutôt rarement prolifiques deux années consécutives. Producteur bien connu à Sainte-Rose, Benjamin Elma est plus surpris par la précocité de ses arbres situés dans les hauts de son exploitation, «les arbres ont fleuri plus tôt cette année»...  
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