Ambilobe-Vohémar goudronné : La fin de l’enfer sur la RN5A


L’inauguration de la fin des travaux de réhabilitation de la RN5A a été faite en grande pompe, hier. Un événement en deux temps, aux allures de démonstration de force pour le chef de l’État et sa suite. «Bye Bye Godra». Une expression martelée durant la journée d’hier, à Vohémar et Ambilobe. Une expression pour dire adieu aux piscines de boue qui faisaient la réputation de la Route nationale numéro 5 (RN5A). La fin des travaux de réhabilitation des quelque 151 kilomètres de cet axe reliant Ambilobe et Vohémar, et par la même occasion les régions Diana et Sava, a été célébrée en grande pompe. Pour l’occasion, Andry Rajoelina, président de la République, et son épouse ont fait le déplacement. Ils ont été accompagnés par une forte délégation gouvernementale, dont Christian Ntsay, Premier ministre. Il faut dire que la réhabilitation de la RN5A le concerne directement, étant donné qu’il est originaire de la commune rurale de Betsiaka, à une trentaine de kilomètres d’Ambi­lobe, sur l’axe allant vers Vohémar. Les parlementaires soutenant le pouvoir n’étaient pas non plus en reste. Autant les sénateurs, que les députés, un nombre pléthorique, issus des quatre coins du pays ont fait le déplacement pour l’inauguration de la RN5A qui a duré toute la journée. Même des élus dans le «Deep South», ont fait le déplacement jusque dans le Nord. Plus que la réhabilitation d’une route nationale, la fin du chantier de l’axe Ambilobe - Vohémar est un défi politique. Un pari gagné à s’en tenir aux discours et aux clameurs populaires d’hier. Le couple présidentiel a même ré-adopté le code couleur orange pour l’occasion. «La journée d’aujourd’hui est historique, puisqu’aujourd’hui, nous changeons l’histoire. Aujourd’hui, nous écrivons une nouvelle page de l’histoire», déclare le président de la République. Des mots clamés sous les vivats de la foule à chacune de ses prises de parole, tout le long de la RN5A. Un périple qu’il a démarré à Vohémar en milieu de matinée et qu’il a bouclé à Ambilobe, en milieu de soirée. «Depuis l’indépendance, cette route a été une piste de terre et de boue. Aujourd’hui, je me tiens debout, devant vous, pour dire définitivement, bye bye Godra», ajoute-t-il. Coup d’envoi tonitruant Après un premier meeting à Vohémar, Andry Rajoelina a pris le volant pour goûter au plaisir de conduire sur la route nouvellement réhabilitée, avant de passer le volant à son épouse, Mialy Rajoelina, à Maromokotra, qui est à peu près de la moitié des 151 kilomètres de la RN5A. Le couple présidentiel et sa suite ont fait quelques arrêts marqués de mini-meeting, ainsi que de distributions de kits solaires et repas chauds, organisées par l’association Fitia. Des habitants de chaque localité bordant la RN5A se sont amassés le long de la route afin de saluer le convoi présidentiel. Le maire de la commune rurale de Maromo­- kotra a même poussé la chansonnette pour scander «bye bye Godra». Au rythme d’un Salegy endiablé, il est parvenu à faire esquisser quelques pas de danse au couple présidentiel, les membres du gouvernement et les parlementaires. Même le Premier ministre, habituellement impassible, a été porté par l’ambiance. Après un coup d’envoi tonitruant à Vohémar, l’apothéose de la journée d'inauguration de la RN5A s’est jouée à Ambilobe. Dès son entrée dans la ville, le convoi présidentiel a été accueilli par une marée humaine. La densité de personnes qui se trouvait sur le chemin a bloqué la circulation. Aussi, après le dévoilement de la stèle marquant la fin des travaux de la Route nationale numéro 5A, le chef de l’État a décidé de faire le trajet jusqu’au lieu du meeting à pied. Une marche d’une trentaine de minutes sous les acclamations populaires. Le carton plein à Ambi­lobe et les discours tenus ont exacerbé le ton politique de l’événement d’hier, dans le Nord du pays. Soulignant la concrétisation d’un engagement qu’il a fait, le président de la République scande, «c’est un challenge que nous nous sommes donnés, le Premier ministre et moi. Nous avons travaillé, nous avons cherché et sommes parvenus à solutionner la question du financement et voilà le résultat». Egratignant ses détracteurs, le chef de l’État ajoute, «d’autres avant moi ont promis de réhabiliter cette route mais n’y sont pas parvenus. Certains ont même organisé le coup d’envoi des travaux sans qu’il n’y avait pas encore de financement. Pour notre part, nous ne faisons pas de promesses en l’air. Nous concrétisons nos engagements». Sujet incontournable, la réhabilitation de la RN5A est devenue une gageure pour les acteurs politiques, notamment, ceux au pouvoir et ceux qui veulent y accéder. C’est l’administration Rajoelina qui a donc transformé l’essai. Le locataire d’Iavoloha et sa suite n’ont pas boudé le plaisir de cette victoire politique, hier. D’autant plus que la ferveur populaire est montée en crescendo durant les différents meetings que le chef de l’État a enchaîné. La journée s’est peu à peu transformée en «démonstration de force», pour le camp Orange, comme soulignée par Jocelyne Rahelihanta, vice-présidente de l’Assemblée nationale pour la province d’Antsiranana. «La communion», avec les habitants d’Ambilobe et plus largement du Nord du pays a également été mise en avant par Andry Rajoelina. Il a, notamment, rappelé qu’en mars 2018, c’est à Ambilobe qu’il a tenu le premier meeting qui a marqué son retour sur la scène politique, en vue de l’élection présidentielle. «Déjà vous étiez nombreux à m'accueillir. Vous l’êtes encore aujourd’hui. Cela démontre notre communion», déclare le président.
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