L’après Pape - Retour aux dures réalités quotidiennes


La visite apostolique du pape François touche à sa fin. D’aucuns s’attendent à une capitalisation de son message et des bonnes pratiques acquises pour préparer sa venue. QUID de la capitalisation ? Une question que plusieurs se posent au lendemain de la visite apostolique du pape François. Après trois jours de ferveur et d’organisation réglée comme du papier à musique, Antananarivo retourne à la réalité de son quotidien. Alors que le pape n’est parti que pour une escapade à Maurice, durant la journée d’hier, l’anarchie a déjà repris son trône sur les axes menant jusqu’à la nonciature, à Ivandry. En l’absence de forces de l’ordre pour leur dicter leur comportement, la route nouvellement refaite d’Alarobia, à Tsara­saotra est devenue un arrêt de bus géant, auxquels s’ajou­tent les stationnements bâtards des taxis et voitures de particuliers. Bien qu’il ne quitte définitivement le pays qu’aujourd’hui, le séjour officiel du Saint-Père s’est achevé, dimanche, par une rencontre avec les religieux au collège Saint-Michel. Déjà les interrogations se posent sur la manière de pérenniser les bonnes pratiques constatées durant le séjour papal. Plusieurs s’interrogent sur la concrétisation du message qu’il a adressé, notamment, aux décideurs et tenanciers de l’économie, à Iavoloha, samedi. « La visite du souverain pontife démontre, en effet, que les Malgaches savent être à la hauteur de grands événements. Qu’ils sont à même de s’organiser et être disciplinés », réagissent certains sur les réseaux sociaux. Constatant la course contre la montre plus ou moins réussie dans la réfection des routes en vue du voyage pontifical, d’autres relèvent que « nous pouvons faire les choses bien et rapidement quand il le faut, alors pourquoi ne pas en faire une formule dans la gouvernance au quotidien ? ». Concrétisation Outre les bonnes pratiques, d’aucuns s’attendent à voir des changements drastiques dans la gouvernance, suite au message du Saint-Père, samedi. Parlant de développement intégral, le pape François a, notamment, déclaré « dans cette perspective, je vous encourage à lutter avec force et détermination contre toutes les formes endémiques de corruption et de spéculation qui augmentent la disparité sociale, et à affronter les situations de grande précarité et d’exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine ». La corruption, ou encore, la culture de l’exclusion et du privilège que le souverain pontife dénonce dans son allocution d’Iavoloha, samedi, ne sont pas des faits nouveaux. La Conférence des évêques de Madagascar (CEM), entre autres, écorchent systématiquement, ces maux qui gangrènent le pays dans tous ses messages. Cette fois-ci, c’est le Saint-Père himself qui crève l’abcès des plaies qui rongent la Grande île, au palais présidentiel et devant l’ensemble des personnes les plus influentes du pays autant politiques qu’économiques. L’écho a, aussi, raisonné aux oreilles du million de fidèle à Soamandrakizay et des millions de téléspectateurs. Beaucoup espèrent que le poids du message papal brisera les maux qui enchainent le pays. Du message du pape, on retient, aussi, que la lutte contre la déforestation ne se décrète pas. « (…) il ne peut y avoir une véritable approche écologique ni un travail concret de sauvegarde de l’environnement sans l’intégration d’une justice sociale », a-t-il, notamment, souligné. Travailler pour le bien-être « de l’homme et de tout homme », en tenant compte de cette justice sociale vaut, également, pour la lutte contre la pauvreté. À ce propos, le fait que le président de la République, Andry Rajoelina, a renouvelé de façon solennelle son serment devant le pape, constitue une garantie. Comme l’a soutenu monseigneur Odon Razana­kolona, archevêque d’Antana­narivo, à Andohalo, jeudi, toutefois, « nous sommes responsables de la vie de notre nation. Il nous appartient de trouver les solutions à nos problèmes. Le message du pape nous sert de motivation, mais c’est à nous de faire le travail pour que les choses changent ».
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