Deuil partout 


Un match nul endeuillé par la mort d’un spectateur piétiné dans une bousculade à l’entrée. Une trentaine de personnes ont été d’ailleurs été blessées pour la même raison. C’est le triste bilan de la rencontre de foot entre Madagascar et le Sénégal hier au stade de Mahamasina. Si la prestation des Barea a été en tous points excellente face aux mondialistes sénégalais, celle de l’organisateur, en l’occurrence la Fédération malgache de football, a été pour le moins lamentable. La bousculade mortelle était due au fait que les billets d’entrée pour les gradins n’ont été mis en vente qu’hier matin alors que la foule a fait la queue depuis 4 heures comme il y a cinquante ans quand il n’y avait que les pelouses pour contenir cinq mille spectateurs. Vers 11 heures les gradins étaient déjà pleins à craquer. Dehors il y avait autant de monde auquel on a annoncé l’épuisement des tickets. Le rush pour forcer les portails d’entrée a commencé. Faute de forces de l’ordre suffisantes, les portes ont cédé. Ceux qui tombaient par terre, ont été écrasés. La scène s’est passée à l’insu de ceux qui ont pris place dans les gradins et les tribunes. Les blessés sont évacués par les pick-up de l’Emmoreg, faute d’ambulance dont la présence est pourtant obligatoire dans un match de cette envergure. Les organisateurs étaient complètement dépassés par un événement dont ils ont visiblement minimisé l’importance. Le même drame avait pourtant endeuillé le match Isjf Ravinala-Kaizer Chiefs ( Afrique du Sud) en 2005.  La responsabilité de la FMF est donc totalement engagée dans les conséquences de ce match organisé dans un stade de 25 000 places assises (exigences de la Fifa) mais qui devait accueillir le double. Une circonstance atténuante étant donné que malgré l’état détestable de la pelouse qui a handicapé les joueurs, la FMF n’avait pas le choix. Cela fait longtemps que la capacité du stade est dépassée. Mais visiblement personne ne s’en soucie. Les premiers gradins (7 000 places) ont été construits par Ratsiraka à l’occasion des fameux Mitabe 1977. Puis c’est toujours Ratsiraka qui les a agrandis en 1990 lors des IIIe Jeux des îles de l’océan Indien (14 000 places). C’est encore Ratsiraka qui a négocié la construction du Palais des sports en 1991. Le stade de Mahamasina dans sa présentation actuelle est vieux de vingt ans de même que le Palais des sports.  Ratsiraka aura été le seul à avoir une vision malgré ses problèmes de vue. À preuve, aucun des trente cinq autres candidats ne parlent de sport ni d’infrastructures sportives dans leur programme d’émergence. Le sport et les infrastructures sportives ont tenu une bonne place dans le Livre Rouge de Ratsiraka même si tout se ramenait au socialisme.  À l’image du réseau routier, du réseau de distribution d’eau, du réseau d’électricité conçu au départ pour une population de cinq cent mille habitants, du moins à Antananarivo, la capacité des stades est également devenue dérisoire face à l’augmentation exponentielle de la population. Gouverner c’est prévoir à la fois le nombre de naissances et le nombre de spectateurs et éventuellement les drames. Autrement le score sera toujours de deuil partout.
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